L’essor du travail indépendant en entreprise bouscule le management
Le nombre de travailleurs indépendants dépasse désormais 4 millions, dont plus de la moitié sont des autoentrepreneurs, indique le dernier bilan de l’Urssaf, fin 2022. Il y a dix ans, ils étaient 1 million de moins. Avec la banalisation du travail à distance et de la pluriactivité, l’essor des indépendants a passé la porte des entreprises, que ce soit pour assumer un surcroît d’activité, fournir la recrue ou l’expertise manquante ou développer un projet innovant. Près d’un quart (23 %) des autoentrepreneurs et 6,7 % des indépendants classiques sont aussi salariés.
Les indépendants, bien que minoritaires dans les effectifs, font désormais partie du paysage de l’entreprise. « Il y a cinq à dix ans, les entreprises en prenaient peu et sur un temps limité pour éviter le risque juridique de requalification en salariat, mais ça a changé. Portés ou non par des sociétés de portage ou les plates-formes numériques de mise en relation, beaucoup de jeunes et de moins jeunes indépendants travaillent en entreprise et ce n’est pas près de s’arrêter. C’est déjà courant dans d’autres pays. Tout le monde y a trouvé un intérêt, assure Marc Sabatier, directeur général (DG) de Julhiet Sterwen, cabinet de conseil en stratégie d’entreprise. Aujourd’hui, 15 % de notre chiffre d’affaires est réalisé par des indépendants. »
Mais la composition hybride des équipes pose de nouvelles questions de management : pour maintenir la cohésion entre indépendants et salariés au sein d’une même équipe, pour gérer la reconnaissance de leur travail, assurer la confidentialité et limiter les risques juridiques et pour éviter le dumping social entre les différents statuts d’emploi. « Les indépendants et autoentrepreneurs échappent aux limites qu’impose le droit du travail (pas de rémunération minimale, pas de règle en matière de durée du travail, repos, congés, etc.) », explique Fabienne Muller, enseignante-chercheuse émérite en droit social.
« Gestion bricolée »
Les freelances désirent être intégrés aux équipes du projet et à leurs routines, précise l’étude Xerfi-Comet « Comprendre et recruter les freelances », publiée début avril. Plus d’un millier d’indépendants des métiers du numérique travaillant majoritairement dans de grands groupes ont répondu à la plate-forme de mise en relation Comet et ainsi désigné Allianz comme The Best Freelancer Place to Work 2023 pour « l’intégration aux équipes », L’Oréal pour « l’expérience globale » et Société générale « pour la reconnaissance, le retour d’expérience ».
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