L’Espagne prépare une nouvelle hausse du salaire minimum

Pour la troisième année consécutive et après une hausse cumulée de 31,8 % depuis 2018, l’Espagne s’apprête à augmenter de nouveau le salaire minimum (SMI). Mercredi 1er septembre, le ministère du travail, les principaux syndicats et les organisations patronales ont maintenu une réunion pour aborder la question. A défaut d’accord, ils se sont donné rendez-vous, lundi 6 septembre, pour reprendre les négociations.
« Il n’y aura pas de reprise économique si elle n’est pas juste, et ne parvient pas à toutes les strates de notre société, a d’ores et déjà défendu le chef du gouvernement de gauche, le socialiste Pedro Sanchez, qui a promis, ce 1er septembre lors d’une conférence de rentrée, « une augmentation immédiate du salaire minimum ». Il a confirmé son objectif : « Qu’il atteigne 60 % du salaire moyen en 2023, à la fin de la législature, comme le fixe la charte sociale européenne. » A cause de la pandémie, cette hausse du SMI, retardée de neuf mois, devrait toutefois être bien plus modérée que celles de 2019 (+ 22,3 %) et de 2020 (+ 5,5 %). Pour ne pas dire purement symbolique.
Durant la réunion de mercredi, le ministère du travail a proposé aux partenaires sociaux une augmentation de 1,6 %, soit 17 euros mensuels. Celle-ci porterait le SMI à 1 125 euros par mois (payé 965 euros en 14 mensualités par an). Elle serait suivie d’une augmentation de 36 euros mensuels en 2022, ainsi qu’en 2023. Près de 1,6 million de travailleurs seraient concernés.
Jugeant la hausse insuffisante, les syndicats demandent « plus de courage » au gouvernement
Jugeant la hausse insuffisante, les syndicats demandent « plus de courage » au gouvernement, au vu de l’inflation, qui dépasse les 3 %, et à la flambée des prix de l’électricité, tandis que le patronat est opposé à toute revalorisation. « Ce n’est pas le moment : nous sortons d’une année et demie horrible », a rappelé mercredi le président de la Confédération espagnole des organisations entrepreneuriales (CEOE), Antonio Garamendi, qui a rapporté l’inquiétude des petits agriculteurs et chefs d’entreprise. « Dans certaines régions, [cette mesure] va condamner les gens au travail au noir » et « constituer une barrière pour l’emploi des jeunes ».
Quant à l’exécutif, il s’est montré divisé sur la question. Ces derniers mois, la ministre de l’économie, l’orthodoxe Nadia Calviño, ex-directrice générale des budgets à la Commission européenne, s’était opposée à l’augmentation du SMI défendue par la ministre du travail communiste Yolanda Diaz, devenue la principale ministre issue de la gauche radicale Unidas Podemos depuis le départ du gouvernement de Pablo Iglesias. La vigueur de la reprise économique, avec une croissance du PIB attendue de 6,5 % en 2021 et 7 % en 2022 et le retour au nombre de travailleurs affiliés à la Sécurité sociale antérieur à la pandémie, auraient vaincu ses réticences.
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