Les travailleurs sociaux font grève pour partager leur désarroi

Les travailleurs sociaux font grève pour partager leur désarroi

Les travailleurs sociaux n’en peuvent plus et veulent le faire savoir. Ils sont 1,2 million à accompagner, soutenir, aider, insérer, éduquer ou tout simplement écouter les 10 millions de citoyens les plus fragiles de la société française, personnes âgées en perte d’autonomie, bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) sur le chemin de l’emploi, personnes en situation de handicap, sans-abri, jeunes à la dérive ou qui souffrent de troubles du comportement, sans-papiers… L’appel à la grève nationale, mardi 7 décembre, lancé par la plupart des syndicats, la CGT, Solidaires et SUD-Santé, la Fédération syndicale unitaire (FSU), divers collectifs comme Les Broyés du social ou le Social déchaîné et même la CFDT, rencontre, cette année, un écho particulier.

« Beaucoup de nos adhérents, dont ce n’est pourtant pas l’habitude, seront cette fois dans la rue, prévoit Stéphane Racz, directeur général de Nexem, un réseau de 11 000 établissements du secteur privé non lucratif dans les domaines sanitaire, du handicap, de la protection de l’enfance, du grand âge ou de l’insertion sociale, et qui emploie 330 000 salariés. La promesse du Ségur de la santé, qui a revalorisé les salaires du secteur public et oublié les secteurs associatif et privé comme le nôtre, exacerbe les inégalités en apportant une preuve de plus de l’invisibilité de notre travail aux yeux des pouvoirs publics et de la société entière et affaiblit le travail en équipe », plaide-t-il.

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En novembre, des mouvements régionaux avaient déjà rassemblé des foules inhabituelles, tant de salariés que d’employeurs, d’élus et de familles, 5 000 manifestants à Nantes ou encore 2 500 à Strasbourg. Le premier ministre, Jean Castex, a bien, le 8 novembre, évoqué une future « conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social » d’ici le 15 janvier 2022, « mais nous n’avons aucune date, aucune précision et ne recevons aucune réponse à nos lettres », s’inquiète M. Racz.

« Manque de reconnaissance »

La revendication prioritaire, mardi, concerne donc les salaires, faibles et jamais réévalués : « Voilà quinze ans que le point d’indice est gelé, s’insurge Alexandre Lebarbey, représentant CGT du secteur sanitaire, social, médico-social privé à but non lucratif. Lorsque j’ai démarré ma carrière d’éducateur, mon salaire dépassait le smic de 500 euros ; aujourd’hui, pour un débutant, l’écart n’est plus que de 100 euros. »

Raphaëlle (qui souhaite garder l’anonymat) travaille, elle, à l’insertion vers l’emploi des bénéficiaires du RSA : « Après dix ans de carrière, je gagne 2 000 euros, primes incluses, et, dans mon département où la vie est chère, je paie un loyer de 900 euros et dépense 300 euros de frais de transports professionnels… Vivre avec ce qui reste, c’est très difficile ! » « Après dix-sept ans de carrière, mon salaire plafonne à 2 100 euros et, comme tous mes collègues, je suis systématiquement à découvert chaque fin de mois », constate Frédéric Motel, éducateur en institut thérapeutique et pédagogique auprès d’enfants et de jeunes souffrant de troubles de comportement.

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