Les sciences cognitives s’invitent dans l’entreprise

Les sciences cognitives s’invitent dans l’entreprise

Dans un monde professionnel où les repères se diluent, les cadres se forment aux neurosciences.

Par Publié aujourd’hui à 07h00

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« Les neurosciences permettent de revisiter ou de valider des techniques que l’on connaissait déjà, comme les exercices d’entraînement mental, et d’identifier les biais cognitifs qui altèrent nos décisions. »
« Les neurosciences permettent de revisiter ou de valider des techniques que l’on connaissait déjà, comme les exercices d’entraînement mental, et d’identifier les biais cognitifs qui altèrent nos décisions. » Ingram / Photononstop

Un homme a retroussé son pantalon, dévoilant de sobres chaussettes grises. Sa voisine a défait les lacets de sa chaussure, les laissant effleurer le sol. En face, un homme a enfilé sa veste, mais en partie seulement : une manche retombe inerte le long de sa chemise. Ils se dévisagent, curieux : en quelques secondes, chacun a dû changer six éléments dans son apparence, et ensuite repérer les modifications opérées par son binôme.

Le changement le plus flagrant, néanmoins, se lit sur leurs visages. Lorsqu’ils ont franchi le seuil de l’Institute of NeuroCognitivism (INC), logé dans un immeuble haussmannien du 9e arrondissement parisien, les huit inscrits à la séance découverte « Mon cerveau et moi. Comprendre et changer le comportement humain grâce aux neurosciences » affichaient une mine sérieuse, voire affectée. Les voilà souriants et décontractés.

« Vous êtes passés de la gouvernance émotionnelle à la gouvernance adaptative. Vous arrêtez d’anticiper, vous êtes dans le moment présent, vous n’êtes pas inhibés. Vous n’avez plus le stress du résultat, vous allez plus vite », détaille l’animatrice, Sabrina Lefébure. Trois heures durant, elle initie les dirigeants, spécialistes en RH et coachs, aux différents territoires cérébraux qui gouvernent les comportements. Après avoir investi le terrain de l’éducation, les sciences cognitives s’invitent désormais dans l’entreprise.

Le crâne de Phineas Gage

Dirigeant d’une société de transport de colis exprès qu’il a fondée en 1993, François-Xavier a poussé la porte de l’INC à la suite des plaintes de son fils de 25 ans, qui vient de rejoindre la structure familiale : « Il m’a dit que j’étais nul en intelligence émotionnelle. J’ai voulu me former, et j’ai été séduit par l’approche neuroscientifique, ça a l’air concret, c’est plutôt sécurisant pour quelqu’un de ma génération. »

Christophe Ferragne s’est, lui, intéressé à l’approche neurocognitive et comportementale grâce à une certification qualifiante organisée par l’Ecole nationale des ponts et chaussées. Le directeur adjoint chargé des collectivités et de la prospective au Syndicat intercommunal d’énergies du département de la Loire repart de la formation satisfait – il invitera tout son encadrement supérieur à suivre les mêmes cours – et armé d’outils concrets : « Lorsque je suis dans le couloir avant d’entrer dans la salle pour une réunion publique ou stratégique, pendant dix ou quinze secondes, je fais le blanc autour de moi. Je ferme les yeux, je me concentre sur les différents bruits qui m’entourent, et sur mes sensations. Cela me permet d’appréhender une situation complexe en toute sérénité. »

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LJD

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