Les revues « Esprit » et « Futuribles » enquêtent sur le travail

Les revues « Esprit » et « Futuribles » enquêtent sur le travail

La revue des revues. Pour leur rentrée, les revues Esprit et Futuribles ont toutes deux choisi comme thème la question du travail − la première sous l’angle de ses divisions, la seconde en cherchant à mieux discerner l’évolution de la valeur du travail en Europe. Pour la presse étrangère, d’ailleurs, la France demeure « un mystère ». Voici un pays où les travailleurs parmi les mieux protégés du continent sont descendus dans la rue, de janvier à juin, pour protester contre une réforme des retraites qui repoussait l’âge légal de départ à 64 ans, soit en deçà de la norme en vigueur dans la plupart des pays de l’Union européenne. Mais le paradoxe n’est peut-être qu’apparent, car le travail, ses conditions, sa reconnaissance, sa place dans le financement de la protection sociale ont justement été les grands absents du débat de la réforme des retraites, comme le souligne la politiste Anne Dujin, rédactrice en chef d’Esprit.

« Comment travailler mieux ? » : la question a été posée à Laurent Berger et à François Ruffin, dans un entretien croisé passionnant. Il ressort de ce dialogue entre l’ancien secrétaire général de la CFDT et le député « insoumis » de la Somme que les lignes de convergence sur le diagnostic, mais aussi sur certaines solutions à proposer, l’emportent largement sur leurs divergences. Ils se retrouvent entre autres sur le fait essentiel d’écouter ce qui remonte du terrain, sur l’importance d’instaurer un dialogue social et sur une méfiance à l’égard du télétravail, réservé à une minorité de salariés. Le premier ajoute qu’il n’y a pas de « métiers de merde comme on l’entend souvent à propos des caissières. Dire cela revient à les nier », tandis que le second constate que « les gens aiment leur travail, mais n’aiment pas la manière dont on le leur fait faire ».

Volonté d’autonomie

Les deux leaders s’adressent à une gauche en panne sur le sujet. Pour Laurent Berger, « la grande question concerne les métiers de la deuxième ligne. Comment fait-on pour embarquer tout le monde, et pas seulement les 300 entreprises qui représentent la moitié des salariés ? ». Quant à François Ruffin, il cherche à unir les classes populaires, pour lesquelles « le travail est resté une valeur centrale », et les classes intermédiaires, attirées par le projet écologique, dans un bloc historique.

De son côté, la revue Futuribles donne la parole au politiste Pierre Bréchon, qui montre que l’individualisation correspondant à une volonté d’autonomie dans tous les domaines de la vie a fortement progressé dans les pays de l’Europe du Nord, de l’Ouest et du Sud, tandis que l’Europe de l’Est et la Russie restent dominées par les valeurs de l’individualisme.

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LJD

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