« Les réformes de la retraite et du chômage déchaînent des conséquences vicieux »
L’acte II du quinquennat commence. Sur le plan social, deux big bangs sont considérés, l’un regardant les systèmes de pension de retraite, l’autre l’assurance-chômage.
Contre le grand flou sur des éléments importants tel l’âge légal de liquidation des pensions, le principe d’une extension d’un système de retraite par points est acté. Il en est de même de son marketing. Le changement se fera surtout au nom de l’équité : le nouveau système admettra de contenir l’ensemble des rétributions et aménagera un transfert financier des travailleurs les plus stables vers les travailleurs aux trajectoires plus hachées. Les grands perdants seront les enseignants fonctionnaires du primaire au supérieur, dont le niveau de primes est déjà bien en deçà de celui des autres agents publics des mêmes catégories. Par contre, la réforme va rendre la précarité professionnelle moins pénalisante. En effet, les points relatifs aux cotisations s’entasseront pour toute activité même minimale, inversement à l’acquisition de trimestres de retraite du régime général actuel.
Droits rechargeables
Même s’il diffère dans son objectif apposé, le système à points va plaire dans la même direction que les reparamétrages de l’assurance-chômage guidés jusqu’en 2017. A l’extension de la possibilité d’entasser l’allocation de retour à l’emploi (ARE) et une activité réduite ont été rajoutés en 2014 les droits rechargeables : toute reprise d’activité admet de recharger ses droits d’ARE. Il s’agissait alors d’inciter au retour à l’emploi quelle qu’en soit sa qualité. Cet objectif a été atteint, le nombre d’inscrits à Pôle emploi en activité diminuée a ainsi doublé en dix ans : ils étaient plus de 2,2 millions au premier trimestre 2019.
Mais ces procédés ont de fait collaboré d’une perversion du marché du travail français. Au lieu que la force diminuée soit un tremplin vers un emploi stable, elle enclot les laborieux dans des trajectoires précaires. Les employeurs ont recours à des contrats courts – de plus en plus courts –, sachant que les sans-emploi ont tout intérêt à les admettre. Cette culture de la précarité, voire de la « permittence » (c’est-à-dire la situation permanente de travail intermittent) « percole » jusqu’à l’Etat, y compris dans la recherche publique, où des chercheurs titulaires transformés en employeurs optimisent les durées des contrats des personnels contractuels (techniciens, post-doctorants…) en ajoutant les périodes d’indemnisation chômage.