Les policiers manifestent à Paris pour réclamer des peines plus lourdes pour les agresseurs des forces de l’ordre
La « marche citoyenne » prévue mercredi 19 mai à Paris, à deux pas de l’Assemblée nationale, devait être un hommage au brigadier Eric Masson, tué le 5 mai à Avignon au cours d’une opération antidrogue, et à Stéphanie Monfermé, agente administrative de police assassinée par un terroriste à Rambouillet (Yvelines) douze jours plus tôt. Ce sera finalement une démonstration de force voulue, conçue et organisée par les syndicats de policiers. Le bénéfice politique en est déjà certain : chefs de partis, candidats déclarés à l’élection présidentielle de 2022, états-majors et parlementaires ont annoncé en nombre leur intention de s’y rendre.
Lundi, en déplacement dans l’Eure, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a confirmé qu’il irait, lui aussi, saluer les manifestants : « La colère des policiers est légitime. Nous sommes tous dans le même bateau pour lutter contre l’insécurité. » Un ministre qui manifeste « contre sa propre inaction », a ironisé François-Xavier Bellamy, député (Les Républicains, LR) au Parlement de Strasbourg.
Qu’importe si le calendrier électoral explique en grande partie cette ruée vers l’ordre, à un mois du scrutin régional et à peine plus d’un an de la présidentielle, alors que la sécurité s’est imposée comme une thématique majeure de la campagne à venir. Pour les syndicats, l’essentiel est de peser « politiquement ». Pari tenu, de ce point de vue. A droite, Damien Abad, patron des députés LR, conduira une délégation réunissant pratiquement tout son groupe ; Xavier Bertrand, candidat aux élections régionales dans les Hauts-de-France, en sera aussi.
Sous les deux écrans géants diffusant des scènes de violences contre les forces de l’ordre et un clip d’hommage aux policiers morts, ils devraient y croiser Jordan Bardella, numéro deux du Rassemblement national, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, ou Fabien Roussel, candidat communiste à l’élection présidentielle, favorable à une « peine de trente ans de prison » en cas d’assassinat de « tout détenteur d’une autorité ».
L’eurodéputé écologiste Yannick Jadot fera également le déplacement – en solitaire, toutefois. « Chacun est libre d’aller ou non [à la manifestation], il n’y a pas d’appel », a apprécié Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d’Europe Ecologie-Les Verts, à l’annonce de sa décision de se joindre au mouvement. Seul Jean-Luc Mélenchon a prévenu sur Facebook : pas question pour La France insoumise de cautionner « l’ambiance générale de surenchère sécuritaire ».
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