[Il y a 110 ans, le 28 février 1909, le Parti socialiste américain organise une « Journée nationale de la femme ». Un an plus tard, l’Internationale des femmes socialistes, qui se tient à Copenhague, fixe au 8 mars la journée de référence pour les réclamations des droits des femmes. Officialisée par l’ONU comme « Journée internationale des femmes » en 1977, cette date est fêtée en France depuis 1982, sur proposition d’Yvette Roudy, alors ministre des droits des femmes. Dans de nombreux pays, cette date est l’occasion de se mobiliser. Soit par des actions concrètes comme les grèves et l’accumulation, soit en informant, en prenant en considération les enjeux de la lutte ou en réfléchissant à ses modalités.]
La partie, au final la plus facile, les femmes l’ont accomplie. Réussir le droit de vote, être les égales des hommes devant la loi, choisir et retenir de l’usage de leur corps… Le XXe siècle a été celui de la bataille pour l’égalité face la loi entre femmes et hommes dans les sociétés développées.
Ce qui reste à venir est bien plus pénible. Il faut actuellement, pour qu’existe une réelle égalité des chances, mettre en place des mesures au niveau des institutions qui compensent le poids du vécu, l’impact de la discrimination implicite, et les contraintes de la maternité. Ou pas.
Depuis une vingtaine d’années, bien des mesures ont été montrées, en France comme dans beaucoup d’autres pays à haut revenu, afin de remédier la carence d’opportunités pour les femmes dans de nombreux métiers. Nous commençons à avoir assez de recul pour pouvoir poser la question de leur rendement. Parfois, la réponse est surprenante.
D’incontestables succès ont été décrochés. Un exemple collectif est celui des grands orchestres américains qui, dans les années 1970, étaient presque uniquement masculins, la proportion de femmes se situant autour de 12 %. L’une après l’autre, ces institutions ont commencé à mettre en place des épreuves à l’aveugle dans lesquelles le juré était installé de l’autre côté d’un écran qui occultait l’identité du candidat ou de la candidate – aujourd’hui, parmi ces grands orchestres, seul celui de Cleveland (Ohio) n’utilise pas cette procédure.
L’intention sur l’embauche de femmes a été rapide et, en 2000, certaines de ces formations avaient atteint 35 % de femmes musiciennes. Pas de loi ou de contrainte externe, mais un simple changement de procédure choisi par les orchestres eux-mêmes, dont les répercussions se sont avérées majeures.