Les conséquences, par secteur économique, du confinement des Français
Le gouvernement est encore en train de prendre la mesure de la crise économique qui accompagne et suivra la crise sanitaire du Covid-19. La France va connaître en 2020 sa pire année de récession économique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, a estimé lundi 6 avril le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, lors d’une audition par la commission des affaires économiques du Sénat. « Le chiffre de croissance le plus mauvais qui ait été fait par la France depuis 1945, c’est en 2009, après la grande crise financière de 2008. Nous serons vraisemblablement très au-delà » cette année, a affirmé le ministre. Le produit intérieur brut (PIB) avait cette année-là chuté de 2,9 %. « C’est dire l’ampleur du choc économique auquel nous sommes confrontés », a insisté Bruno Le Maire, alors que de nombreux secteurs sont à l’arrêt du fait du confinement.
C’est pour mesurer plus précisément ces conséquences que Jean-Noël Barrot, député MoDem des Yvelines et économiste de formation (il est professeur associé à HEC), s’est penché sur les effets du confinement sur l’activité et les effectifs des différents secteurs de l’économie tricolore. « Nous voulions comprendre l’impact sur l’activité économique des mesures de distanciation sociale, ainsi que l’effet d’un déconfinement ciblé et progressif », qui est la piste aujourd’hui privilégiée par l’exécutif, indique-t-il. L’étude, réalisée avec Basile Grassi et Julien Sauvagnat de l’université Bocconi à Milan, et dont Le Monde a pu prendre connaissance, a été adressé au gouvernement.
En se basant sur des données statistiques du recensement de 2016 et sur une étude européenne de 2019 sur le télétravail, les économistes tentent d’estimer les effets du confinement sur l’emploi et la valeur ajoutée par secteur. Ainsi, calculent-ils, les fermetures administratives décidées le 14 mars ont eu pour conséquence de faire cesser le travail à 10,9 % des actifs (commerce, hébergement et restauration, transports, culture et loisirs).
La France mieux équipée
En termes de valeur ajoutée, « parmi les secteurs les plus affectés, on retrouve ceux directement affectés par les mesures de distanciation sociale, comme la culture et les loisirs (−7,7 %) et l’hôtellerie-restauration (− 6,8 %). Mais surtout les secteurs les plus en amont, c’est-à-dire les plus éloignés de la demande finale, mais qui viennent en support de la production économique : industries extractives (− 8,8 %), activités de spécialité (publicité, design, ingénierie, architecture… (− 7,6 %), conseil aux entreprises (− 6,2 %), eau et déchets (− 6 %) », relèvent les auteurs. Et ce, alors même que ce sont parfois des domaines où le choc initial lié au confinement aura été moindre, parce que le télétravail y est plus facile (design, publicité, conseil). « Ce sont les secteurs qui voient se répercuter la chute de la demande des autres secteurs. Au moment de la relance, il faudra donc leur accorder une attention particulière », estime M. Barrot.