« L’employé de base, star inattendue du Forum économique mondial de Davos »

« L’employé de base, star inattendue du Forum économique mondial de Davos »

IRA, c’est l’acronyme de l’année, de toutes les conversations au Forum de Davos, en Suisse. En faisant adopter, en août 2022, sa loi Inflation Reduction Act, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a fait mouche. Avec cette formule inventée, peut-être pensait-il (ou ses conseillers) à ses lointaines origines irlandaises, mais le texte porte mal son nom. En effet, son objectif n’est pas tant de juguler l’inflation, ce qui est plutôt du ressort de la Réserve fédérale, que d’accélérer la décarbonation de l’économie, tout en finançant, à coups de subventions, le retour des usines sur le sol national.

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Cette perspective fait hurler les dirigeants politiques européens et rend jaloux tous les patrons du Vieux Continent. Aditya Mittal, à la tête du sidérurgiste ArcelorMittal, ou Martin Lundstedt, le PDG de Volvo (les camions), disent en substance la même chose : c’est ce qu’il nous faut en Europe afin de pouvoir passer la vitesse supérieure. Les technologies existent pour se déprendre du pétrole ou du charbon, mais il faut en accélérer l’adoption en réduisant leur coût.

Le débat que soulève cette nouvelle donne va au-delà de la question de la compétitivité. Interrogé sur le sujet, mardi 17 janvier, le secrétaire américain au travail, Marty Walsh, a d’abord botté en touche. La question des relations commerciales entre l’Europe et les Etats-Unis n’est pas son job.

Appel d’air

Cependant, après une pause, il a reconnu que les conséquences sur le sien, c’est-à-dire le travail, seraient considérables. La réalité est que l’Amérique n’a pas suffisamment de personnel qualifié pour répondre à l’appel d’air que va provoquer ce tsunami. La réponse par la formation et l’éducation est essentielle pour ce fils d’immigré irlandais qui fut syndicaliste et maire de Boston.

L’employé de base, invisible, est devenu, du fait des pénuries, l’objet de toutes les attentions. « C’est la première fois que je vois des entreprises comprendre le lien entre le social et l’économique », assure Christophe Catoir, président de la société d’intérim Adecco. Pas d’altruisme soudain, mais la reconnaissance d’un nouveau rapport de force qui pousse les entreprises à lever le pied sur les licenciements, à l’inverse de ce qu’elles avaient fait au cours de la crise financière de 2008.

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Plus spectaculaire est l’appel à ses confrères d’Alan Jope, le directeur général d’Unilever, multinationale de la grande consommation, pour assurer un salaire décent à tous leurs employés dans le monde. « La pandémie [de Covid-19] a accéléré la refonte du contrat liant l’employé à l’employeur », confirme Martine Ferland, PDG de la société de conseil et d’assurance Mercer. Et ce n’est que le début.

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LJD

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