L’emploi fait grise mine dans le commerce de détail

L’emploi fait grise mine dans le commerce de détail

Camaïeu, San Marina, La Grande Récré… Tandis que les annonces de liquidation de grandes enseignes se succèdent, les vendeurs dans les petits commerces s’interrogent sur leur avenir face à Amazon et consorts. Parue le 16 mai, une publication du service des statistiques du ministère du travail (Dares) vient conforter ces craintes.

Plombé par l’inflation et les achats en ligne, l’emploi salarié dans le commerce de détail (hors apprentis) a connu une baisse inédite en 2022 (– 0,5 % sur un an), souligne le document. Un recul léger, mais qui contraste avec la bonne santé globale de l’emploi (+ 1,2 %) sur la période, portée en début d’année par le rebond économique de l’après-crise.

Envolée du nombre de PSE

D’autres signaux d’alerte confirment les difficultés structurelles du secteur. Ainsi, l’envolée du nombre des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) pour cause de liquidation : entre octobre 2022 et mars 2023, vingt-quatre PSE, portant sur 7 200 ruptures de contrat, ont été mis en place par des entreprises du secteur ; soit vingt fois plus de ruptures qu’un an plus tôt, lorsque neuf PSE enregistrés dans le commerce de détail avaient entraîné 360 ruptures de contrat, relève l’étude.

Ce qui représente 43 % du total tous secteurs confondus : 16 500 ruptures de contrat ont été envisagées dans le cadre de PSE, hors commerce de détail, mis en œuvre entre octobre 2022 et mars 2023. « Par ailleurs, sur cette période, 89 % des ruptures de contrat envisagées à l’initialisation de PSE dans le commerce de détail concernent des entreprises en redressement ou en liquidation judiciaire, contre 32 % hors commerce de détail », soulignent les auteurs.

La hausse des prix plombe le pouvoir d’achat des clients : « Le secteur est confronté à une inflation forte, notamment sur les produits alimentaires, et à un recul quasi continu de la consommation de biens depuis dix-huit mois », rappelle l’étude. Au-delà des explications conjoncturelles, les commerces physiques sont bien sûr confrontés à la montée de l’e-commerce : « Les habitudes de consommation en ligne prises pendant la crise sanitaire perdurent, y compris dans l’alimentaire », affectant le commerce de proximité et ses emplois.

Et les décideurs ne sont pas optimistes : « Au-delà des seuls PSE, les enquêtes de conjoncture de l’Insee montrent que les entreprises du commerce de détail restent majoritairement pessimistes sur l’évolution de leurs effectifs », ajoutent les auteurs.

Moins de vendeurs, plus de caissiers

Ces difficultés se répercutent en premier lieu sur les postes de vendeur. Dans la structuration des emplois composant le commerce de détail, leur part chute entre fin 2019 et fin 2022 (– 1,2 point). A l’inverse, celle des caissiers et des employés de libre-service, postes souvent polyvalents et qui comprennent des tâches de magasinage, progresse (+ 0,8 point) ; de même que la part d’ouvriers qualifiés de la manutention (+ 0,2 point).

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LJD

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