L’efficacité de la lutte contre le sexisme à Radio France remise en cause après la diffusion du documentaire de Marie Portolano

L’efficacité de la lutte contre le sexisme à Radio France remise en cause après la diffusion du documentaire de Marie Portolano

Il n’y a pas qu’à Canal+ que Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, le documentaire de Marie Portolano, diffusé dimanche 21 mars sur Canal+, a fait l’effet d’une bombe. Le témoignage qu’y livrait la spécialiste de rugby Amaia Cazenave a répercuté la détonation jusqu’à Radio France, où la journaliste officiait jusqu’à fin décembre 2020.

En exposant sur la place publique ce qui reste d’ordinaire confiné dans l’espace de l’entreprise, la jeune femme a réveillé la parole de collègues victimes de harcèlement ou d’agissements sexistes au sein du groupe radiophonique et restées insatisfaites, elles aussi, de l’accueil réservé à leurs signalements.

Interrogée mardi 23 mars sur France Info, la future chef adjointe du service des sports du Parisien a décrit les humiliations et l’environnement misogyne dans lequel elle a travaillé au sein d’une station locale de France Bleu d’abord, puis à la rédaction nationale des sports, à Paris. A deux reprises, rappelle-t-elle au Monde, elle a alerté la cellule de lutte contre les discriminations – ainsi que sa direction et la direction des ressources humaines (DRH), indépendamment. Sans résultat probant la première fois, puis « sans aller jusqu’au bout », c’est-à-dire sans réclamer le déclenchement d’une enquête, par manque de confiance en son interlocuteur, la deuxième fois.

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D’autres jeunes femmes, des « CDDettes » comme elles s’appellent entre elles, nous ont fait part de situations similaires. Après avoir signalé à la cellule d’écoute du harcèlement moral, des commentaires dégradants ou des agissements sexistes, elles ont eu le sentiment d’être « abandonnées ». « Nous avions pourtant été assurées que nous aurions un accès total aux conclusions de l’enquête, explique l’une d’elles, en poste dans une importante locale de France Bleu. Alors qu’elle est terminée depuis plus de six mois, nous ne sommes toujours au courant de rien. »

« Impunité »

« Nous faisons un retour systématique aux plaignants ainsi qu’aux mis en cause lorsqu’une enquête est terminée, conteste Catherine Chavanier, la DRH de Radio France. C’est ce que prévoit notre méthodologie. »

Dans un rapport qu’il a achevé à l’automne 2020, Renaud Dalmar, le référent des salariés sur les questions de harcèlement sexuel et les agissements sexistes à Radio France, pointe pourtant du doigt, lui aussi, l’absence d’information sur les sanctions prononcées, alors que « l’impunité est l’élément déterminant de bon nombre de ces agissements (…) et le silence, un terrain propice ». Tout en attestant d’une « vraie volonté » de sa direction de traiter ces affaires avec sérieux, l’élu CFDT regrette « les fausses sanctions que sont les mutations », qui « parfois se révèlent même devenir des sanctions-promotions ».

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