Le temps partagé, remède post-Covid pour « prendre en main sa vie professionnelle » ?
« C’est une autre façon de travailler : je me gère comme une indépendante et je suis salariée. Mon positionnement n’est plus le même qu’avant : c’est super de sentir qu’on apporte une valeur ajoutée et que nos projets aboutissent à quelque chose, contrairement au travail dans un grand groupe. » Depuis septembre 2021, Vanessa Oliveira, 36 ans, est DRH à « temps partagé » : salariée d’un réseau d’experts, elle travaille à tour de rôle pour trois entreprises différentes chaque semaine, dont une où elle ne passe que quatre jours par mois. Après onze ans d’expérience dans les ressources humaines, elle avait quitté un CDI pour devenir indépendante, mais elle a découvert cet entre-deux : une forme d’activité hybride qui lui convient.
Depuis le confinement de mars 2020, de nombreux salariés ont ainsi choisi de quitter le salariat « classique » pour rejoindre ce modèle atypique : 34 % des travailleurs en temps partagé ont moins d’un an d’ancienneté, selon le Baromètre 2021 du travail à temps partagé (établi auprès d’environ 500 répondants). La treizième semaine nationale consacrée au sujet, qui s’est tenue en ligne du 11 au 15 octobre, a permis de renforcer ce constat : cette philosophie intéresse. Près de 500 000 personnes entreraient aujourd’hui dans ce cadre, contre 430 000 fin 2018.
Le temps partagé consiste pour l’individu à travailler à temps partiel (à raison d’un ou deux jours par semaine chacune par exemple) pour plusieurs entreprises en même temps, et permet aux entreprises – souvent des PME – d’accéder à des compétences très recherchées, mais pour lesquelles elles n’ont pas les moyens ou le besoin d’offrir un emploi à temps plein. Ce mode de travail, né dans les années 1980 dans le secteur agricole, concerne en majorité des cadres (81 % selon le baromètre) dans des fonctions support : ressources humaines, commerce, finance ou administratif.
Il existe diverses formes de travail à temps partagé.
En premier lieu, un salarié peut simplement cumuler deux contrats à temps partiel, qu’il a lui-même trouvés : on parle de multisalariat. Fréquemment, les missions sont exercées par des travailleurs indépendants ayant créé leur propre structure (autoentreprise), ou œuvrant dans le cadre d’un réseau d’experts ou « société à temps partagé ».
« Sens et meilleur équilibre personnel »
Enfin, il existe des groupements d’employeurs (16 % des travailleurs), structures associatives faisant office d’intermédiaires entre salariés à temps partagé et entreprises clientes qui y adhèrent.
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