Le télétravail, sujet de tensions à l’approche de Noël : « Mon patron fait l’autruche, il refuse de voir les courbes remonter »
L’épidémie due au nouveau coronavirus flambe à nouveau en France et elle n’épargne pas le monde de l’entreprise. « En un mois, on est passé de “ça va à peu près” à “c’est la merde” », résume avec amertume Claire, salariée d’une agence de communication à Strasbourg. « Est-ce que c’est dû au nouveau variant [Omicron] ? A un relâchement des gestes barrières ? En tout cas, ces deux dernières semaines, sur mes onze collègues, quatre ont eu le Covid-19. Ça donne vraiment l’impression que l’étau se resserre », raconte la jeune femme de 34 ans, vaccinée, qui se dit « épuisée nerveusement » par une pandémie qui n’en finit plus.
La circulation rapide du virus dans l’entreprise de Claire illustre l’explosion des cas dans le pays : avec un peu plus de 45 000 nouvelles contaminations au 6 décembre – en moyenne par jour sur les sept jours précédents –, cette cinquième vague a d’ores et déjà dépassé les pics des deux précédentes (environ 24 000 cas mi-août et 35 000 début d’avril). Le nombre de patients en réanimation devrait quant à lui « atteindre les 4 000 autour des fêtes », a affirmé, mercredi 15 décembre, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
D’après les témoignages recueillis par Le Monde, une majorité de salariés redoutent de voir le virus gâcher le réveillon. A une semaine de Noël, ils sont nombreux à vouloir se claquemurer pour limiter les risques de transmission et faire des agapes sereinement.
Pour le moment, au sein des entreprises privées comme dans la fonction publique, le gouvernement préconise « deux à trois jours de télétravail par semaine » lorsque cela est possible. L’exécutif recommande également de « limiter les réunions en présentiel ». Ce nouveau protocole sanitaire, publié le 8 décembre, insiste sur le respect de la distanciation physique, l’aération des locaux, le port du masque et la vaccination. Comme il n’est pas obligatoire, il est différemment appliqué et malgré la reprise épidémique, les chefs d’entreprise semblent privilégier le statu quo.
« C’est comme si de rien n’était »
« Mon patron fait l’autruche, il refuse de voir les courbes remonter », s’agace Malik, un Isérois de 37 ans, employé dans une entreprise de formation. « Mes chefs ont décidé qu’on resterait à un seul jour de télétravail par semaine. Ils se sont complètement braqués. Quand on voit la situation sanitaire actuelle, c’est désolant », déplore Sylvie, 52 ans, qui travaille dans le quartier de La Défense, en région parisienne. « L’arrivée de la cinquième vague et les annonces de [Jean] Castex n’ont rien changé. A part l’annulation du repas de Noël avec toute l’équipe, c’est comme si de rien n’était », dit Lynda, personnel administratif à Toulouse. Plusieurs employés jugent « incompréhensibles » les réticences de leurs supérieurs à augmenter le travail à distance. Tous affirment en effet être aussi productifs à la maison qu’au bureau. Ce que confirme une étude réalisée par trois chercheurs français.
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