Le télétravail est-il adapté à l’activité des députés ?

Le télétravail est-il adapté à l’activité des députés ?

Comme beaucoup de Français, les députés ont découvert le télétravail pendant le premier confinement : du 17 mars au 27 avril 2020, seuls trois élus par groupe pouvaient accéder à l’hémicycle du Palais-Bourbon. Les activités ayant lieu hors de l’Assemblée nationale ont, elles aussi, été bouleversées par la crise due au Covid-19.

Pendant plusieurs mois, la « visioconférence s’est imposée dans la quasi-totalité des dimensions du travail parlementaire », retrace l’anthropologue Jonathan Chibois, dans une étude pour la Fondation pour les sciences sociales. Elle est devenue la règle dans les relations avec les groupes politiques, les cabinets ministériels, les préfectures et les partenaires socio-économiques, associatifs ou politiques, mais également dans certaines commissions permanentes de l’Assemblée.

Quel regard les députés portent-ils, avec le recul, sur ce moment inédit ? Leur activité est-elle, selon eux, soluble dans les nouvelles technologies de communication ? Jonathan Chibois les a longuement interrogés, à l’été 2022, sur cette expérience. Et leurs réponses sont très contrastées.

S’ils reconnaissent tous que le télétravail a apporté une souplesse dans leur quotidien, s’ils se félicitent qu’il ait permis de poursuivre, dans des circonstances exceptionnelles, les tâches parlementaires, s’ils affirment qu’il a accru l’autonomie des acteurs de l’Assemblée nationale, ils aboutissent à des conclusions divergentes : certains y voient une menace pour le travail parlementaire, d’autres, au contraire, une opportunité.

« Puissants » contre « exclus »

Pour les « puissants » de l’Assemblée (les députés de la majorité ainsi que les élus des circonscriptions urbaines, riches et proches de la capitale), la présence physique à Paris est d’une « importance cruciale », constate Jonathan Chibois. Parce qu’ils mènent leur combat politique, non seulement dans les commissions et dans l’Hémicycle, mais aussi en amont – « au travers de stratégies d’influence dans les cercles parisiens : les réunions ministérielles de travail et échanges informels qui entourent le travail en commission ou des événements mondains » –, le télétravail est, pour eux, une très mauvaise nouvelle : il les prive de précieux relais au sein du pouvoir exécutif.

Les députés de l’opposition, qui ne « possèdent pas véritablement les moyens de dialoguer à armes égales avec leurs collègues de la majorité », ainsi que les élus de circonscriptions éloignées de Paris, plébiscitent, en revanche, le travail à distance.

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LJD

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