Le SOS des maraîchers nantais face aux surcoûts générés par la guerre en Ukraine

Le SOS des maraîchers nantais face aux surcoûts générés par la guerre en Ukraine

Les maraîchers installent des tunnels en plastique sur les parcelles de mâche, à Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Atlantique), le 24 mars 2022.

« On est tous dans le même bateau. On ne fait que subir et, tous les jours, la situation empire. » Le cri d’alarme est signé Jean-François Vinet, codirigeant de la société de maraîchage Les Trois Moulins, à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, à 25 kilomètres au sud de Nantes. La profession, qui sortait à peine la tête de l’eau après la crise sanitaire due au Covid-19, plonge de nouveau dans le rouge depuis le début de la guerre en Ukraine. L’équation est intenable : les charges relatives aux intrants agricoles « explosent ». Les factures énergétiques flambent vertigineusement et, en un an, le prix des engrais a doublé, et celui d’autres matières nécessaires à la production – sable (+ 10 %), film de protection des cultures (+ 55 %), cartons pour emballer les marchandises (+ 35 %) – bondissent aussi dangereusement. Le CO2, utilisé en apport pour les cultures sous serre, voit aussi son prix s’envoler (+ 45 %).

La cote d’alerte est atteinte au pays de la mâche, production-phare qui pèse 30 000 tonnes annuelles, soit 85 % de la production nationale. A tel point que Philippe Retière, président de la Fédération des maraîchers nantais, s’est fendu d’un courrier pour interpeller le préfet et les parlementaires de Loire-Atlantique, mais aussi le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, et le premier ministre, Jean Castex, sur la gravité de la situation. A l’échelle des 200 entreprises de production de la fédération, soit 5 000 emplois équivalents temps plein revendiqués, « le surcoût annuel va atteindre 100 millions d’euros », expose M. Retière, qui dénonce « un impact inconcevable sans une revalorisation des prix payés aux producteurs doublée d’un soutien direct à la production de la part de l’Etat ».

Moins produire

Maraîcher serriste à Bouguenais, à 6 kilomètres de Nantes, Louis Vinet, spécialisé dans la production de concombres, serre les dents. « Les producteurs agricoles sont le premier maillon de la chaîne, souffle-t-il. La guerre en Ukraine nous met à terre, on se prend un peu toutes les hausses dans la gueule. » Le maraîcher, qui table sur une production annuelle de 6 millions de concombres, a d’ores et déjà décidé de réduire la voilure. « Cette année, on fera un million de pièces en moins, affirme-t-il. On va être contraints de moins chauffer les serres, donc de moins produire. On arrêtera les frais à la fin du mois d’août au lieu de poursuivre l’activité jusqu’à octobre, sous peine de produire à perte. »

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La vingtaine de salariés permanents de l’entreprise risque d’être au chômage technique durant un mois à l’automne. Et le renfort de travailleurs, en pleine saison, sera moindre que prévu : une vingtaine de contrats, contre une trentaine en temps normal.

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