Le si rassurant recrutement boomerang
Carnet de bureau. « En 2020, je me suis dit que c’était le moment de rentrer en France. Ça s’était très bien passé avec mon ancien employeur. J’ai repris contact et tout s’est fait très vite : en novembre, je signais mon contrat de “réembauche” chez Meritis, dans la technopole de Sophia Antipolis », raconte François Bonavitacola. Spécialiste des systèmes d’information dans la finance, ce trentenaire est ce qu’on appelle un salarié « boomerang », à nouveau embauché par la société de conseils où il avait passé plus de quatre ans avant de partir aux Etats-Unis, recruté par Natixis en 2016.
Cette pratique est à la hausse, indique le cabinet de recrutement Hays, qui dès son étude de janvier avait remarqué la tendance. En cette fin de troisième trimestre, le bilan est net : tandis que « 15 % de nos 1 500 entreprises clientes avaient réembauché des salariés en 2019, sur les neuf premiers mois de l’année 2020, on est déjà à 22 % », assure Oualid Hathroubi, le directeur de Hays Paris.
« Ce n’est pas une pratique nouvelle, mais traditionnellement, les entreprises y recouraient plutôt en période faste, quand elles ne pouvaient pas faire autrement. Les DRH y sont souvent défavorables par souci d’équité à l’égard des salariés loyaux, rappelle Antoine Morgaut, directeur général du cabinet de recrutement Robert Walters pour l’Europe et l’Amérique. Dans un contexte de crise, le recrutement boomerang est moins fréquent, sauf pour certains profils pénuriques ou de gestion de crise. »
« Contexte d’incertitude »
La pénurie des compétences est toujours là, malgré un taux de chômage passé de 7,1 % à 9 %, entre le deuxième et le troisième trimestre. Mais pour Oualid Hathroubi, l’augmentation s’explique autrement :
« Il y a certes davantage de recrutements boomerang qu’ailleurs dans les nouvelles technologies, l’ingénierie, la finance, mais le confinement a surtout obligé les DRH à recruter différemment, mettant de côté l’affect habituellement associé aux départs. En contexte d’incertitude, ils cherchent à avoir des salariés rapidement opérationnels et qui connaissent l’ADN de l’entreprise. »
Le recrutement boomerang est rassurant à la fois pour l’employeur et pour le salarié. « Ce sont des gens en qui j’ai confiance. La structure d’encadrement de Meritis, je la connais, j’en sais la valeur et elle me plaisait. Avec le Covid, on a besoin d’être rassuré », témoigne François Bonavitacola, enthousiaste à l’idée de retrouver « une petite boîte ».
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