« Le Sens de la tech » : l’impact des machines sur le travail en question

« Le Sens de la tech » : l’impact des machines sur le travail en question

Le livre. Un débat apaisé sur l’impact des technologies sur notre société, sur les rapports humains qui la sous-tendent, et, finalement, sur nos vies quotidiennes, est-il possible ? C’est toute l’ambition de l’ouvrage dirigé par Anne-Sophie Moreau, directrice de la rédaction de Philonomist (un média numérique, qui explore le monde du travail avec l’œil de la philosophie), Le Sens de la tech (Philosophie magazine Editeur, 192 pages, 15 euros). Un essai fait de dialogues entre penseurs (philosophes, géographe, paléoanthropologue…) et dirigeants qui met en lumière les mutations à l’œuvre aujourd’hui, les pistes qui se dessinent pour le futur mais aussi les incertitudes, nombreuses, qui entourent le sujet.

En cela, l’essai propose une prise de hauteur salutaire sur une thématique souvent propice aux débats électriques et par trop idéologiques. L’un des intervenants déplore d’ailleurs, face à la science, tout à la fois des « suspicion[s] mal placée[s] » et des « engouement[s] excessif[s] ». Un autre constate une « défiance croissante vis-à-vis de la science et de la technologie en général », invitant à ne pas laisser confondre « les faits et les opinions ».

L’ouvrage de Mme Moreau trace son sillon sans a priori, pour tenter de saisir le « sens » des innovations technologiques, explorant différentes thématiques (éducation, créativité, souveraineté, etc.) et s’intéressant tout particulièrement à leurs effets, présents et futurs, sur le monde du travail.

Sur cette question, le constat initial est connu : celui d’un bouleversement majeur, tant dans l’organisation du travail, avec l’expansion du télétravail, que dans les tâches à accomplir, avec l’automatisation et la place croissante de l’intelligence artificielle (IA).

Quelle sera la place de l’humain

Au-delà, l’essai se concentre sur les inquiétudes qui se font jour face à ces mutations. « Quel emploi aurai-je demain ? » « L’IA va-t-elle détruire le travail ? » Les débatteurs avancent sur ces sujets avec une nécessaire prudence, la rapidité des évolutions à l’œuvre rendant toute projection délicate. Un regard vers le passé invite toutefois certains d’entre eux à reprendre la théorie de la « destruction créatrice » de Joseph Schumpeter (1883-1950) : si des emplois vont disparaître, de nouveaux métiers sont appelés à émerger – « des rôles à forte composante technologique » et des « rôles à fort contenu d’interaction, d’expérience », estime Eric Labaye, président de l’Ecole polytechnique.

Au fil des pages, ce sont les facultés futures des machines qui sont questionnées et, par suite, le rapport que nous entretiendrons avec elles. L’IA aura-t-elle demain une capacité de création ? Quelle nouvelle division du travail impliquera son déploiement ? Quelle sera la place de l’humain, et dans quels domaines pourra-t-il exercer sa supériorité ? Les intervenants font preuve, sur ces questions, d’un optimisme raisonnable.

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LJD

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