Le marché du travail profondément remanié d’ici 2030
Serveur, comptable, infirmier… Affiché sur le site de Pôle Emploi, le palmarès des métiers qui recrutent le plus a connu quelques bouleversements depuis le début de la crise du Covid-19. Dans les années à venir, ce classement risque de connaître d’autres remaniements, à en croire un rapport du service des statistiques du ministère du travail (Dares) et de France Stratégie publié le 10 mars.
Jetant un éclairage inédit sur les évolutions des besoins en recrutement à l’horizon 2030, le rapport met en parallèle les métiers qui devraient compter les plus fortes créations d’emploi avec l’évolution du nombre d’entrants et de sortants. Estimés à 800 000 embauches sur la période 2019-2022 dans le scénario de référence de la Dares, les besoins de recrutement devraient rester stables par rapport à la période 2015-2022. Mais « on est dans un contexte où la population active ralentit fortement » du fait des départs en retraite, souligne Michel Houdebine, directeur de la Dares.
Si les volumes de recrutement restent les mêmes, la crise liée au Covid-19 risque de modifier durablement les profils recherchés. Depuis deux ans, de nouvelles habitudes ont été prises par les ménages : les Français sortent moins et ont réduit les activités de loisir à l’extérieur. Ces nouveaux comportements pénalisent « les activités fondées sur les interactions sociales » comme l’hôtellerie, la restauration, le commerce et les spectacles, « qui créeraient moins d’emplois que par le passé », note le rapport conjoint de la Dares et de France Stratégie.
La vente, profession la plus touchée
Cette dynamique présente l’avantage de diminuer les difficultés de recrutement que connaissent certains secteurs, comme l’hôtellerie-restauration. Mais elle accélère aussi la disparition des emplois liés au commerce physique, qui souffraient déjà de l’explosion de la vente en ligne. Dans les années à venir, les vendeurs sont susceptibles de devenir la profession la plus touchée par le chômage. Alors que les créations d’emplois risquent d’être négatives sur la période et que 167 000 d’entre eux devraient partir à la retraite, les débutants continueraient d’arriver en masse (347 000) dans la vente, selon la projection prise pour référence par la Dares.
A contrario, la crise sanitaire a accéléré l’augmentation des besoins dans la santé et l’informatique. Dans un contexte post-Covid, les « services à distance » sont davantage sollicités. « L’ensemble des professions du soin et de l’aide aux personnes fragiles » devrait également bénéficier « d’une forte dynamique de l’emploi » du fait du vieillissement de la population, avance le rapport.
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