Le gouvernement souhaite bloquer l’arrivée de salariés polonais de PSA

Le gouvernement souhaite bloquer l’arrivée de salariés polonais de PSA

Selon Bercy, le groupe automobile PSA s’est engagé, samedi 13 juin, auprès du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, à revenir sur sa décision de faire venir en France certains de ses ouvriers polonais pour renforcer ses équipes du site d’Hordain, dans le Nord. Carlos Tavares, le patron de PSA, « s’est engagé à revenir sur cette décision », a déclaré le ministère à l’Agence France-Presse (AFP), sans donner plus de précisions.

La veille au soir, le ministère du travail avait demandé au constructeur de renoncer à ce projet et de privilégier l’embauche d’intérimaires. Contacté par l’AFP, le constructeur n’a pas souhaité faire de commentaires dans l’immédiat.

Mais, dans le même temps, le site du constructeur à Metz a fait savoir samedi, à l’AFP, que des salariés polonais de PSA travaillaient déjà, depuis quelques jours, en renfort sur son site qui fabrique des boîtes de vitesse. « Actuellement, 50 Polonais de Gliwice [usine Opel dans le sud de la Pologne] ont commencé à travailler lundi », ainsi qu’« une quinzaine d’employés de Douvrin [Pas-de-Calais] », a déclaré une porte-parole du site. Ces salariés, logés par le groupe, sont payés selon les conventions collectives françaises le temps de ce renfort, a-t-elle précisé. Sur le site voisin de Trémery, spécialisé dans les moteurs, « on a annoncé qu’on réfléchissait à faire venir des employés d’autres sites PSA de France et de l’étranger » sur la base du volontariat, a ajouté la porte-parole.

Jeudi, lors de son comité social et économique, PSA avait annoncé l’arrivée sur le site d’Hordain, dans le Nord, d’un « premier contingent » de 120 Polonais de l’usine de Gliwice, puis de 150 autres la semaine suivante pour une mission de trois mois. D’autres salariés auraient ensuite pu les rejoindre. En tout, quelque 531 employés polonais du groupe auraient rejoint le site français afin de monter une troisième équipe de production dans l’usine, afin de résorber les quelque 30 000 commandes accumulées de véhicules utilitaires.

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Un affront pour les syndicats

Ces salariés, en sous-activité dans leur pays, auraient été logés par l’entreprise dans la région et payés selon la convention collective française du secteur. Un véritable affront pour les syndicats, et notamment pour la CGT, qui s’est opposée à cette mesure et rappelé que quelques 370 intérimaires travaillant pour l’entreprise au lion ont perdu leur emploi. De plus, a assuré le syndicat, ces salariés européens auraient dû disposer des mêmes avantages que les employés français de PSA, dont la convention collective est plus protectrice que la convention collective française.

Les ministres du travail et de l’économie, « Muriel Pénicaud et Bruno Le Maire, ont demandé à PSA de renoncer à cette opération et d’embaucher en priorité les intérimaires », a-t-on assuré à Bercy. « Dans la situation actuelle, les entreprises doivent tout faire pour protéger l’emploi en France. »

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Si les prêts de salariés entre sites français sont assez fréquents quand il s’agit de faire face aux pics d’activité dans certaines usines et de sous-activité dans autres, les prêts entre usines européennes sont bien plus rares. Pour la direction du constructeur automobile, la « crise économique brutale » générée par l’épidémie due au coronavirus « nécessite de réagir avec agilité et efficience, afin d’assurer la pérennité du groupe PSA », avait-elle confié à l’AFP. « La responsabilité de la direction de l’entreprise est de trouver des solutions pour donner de l’activité aux salariés du groupe », et « les mobilités temporaires entre sites s’inscrivent dans la logique de solidarité industrielle pour des salariés », avait-elle expliqué.

« Cela répond à une logique économique, mais une entreprise a aussi une responsabilité sociale dans son pays. A ce titre, cela paraît peu raisonnable », avait jugé Franck Don, de la CFTC.

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LJD

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