Le géant du jeu vidéo américain convoité par un lourd plan social

Le géant du jeu vidéo américain convoité par un lourd plan social

Le stand d’Activision Blizzard à l’Electronic Entertainment Expo de Los Angeles, en janvier 2013.
Le stand d’Activision Blizzard à l’Electronic Entertainment Expo de Los Angeles, en janvier 2013. Jae C. Hong / AP

La maison-mère américaine veut suspendre 134 postes dans sa filiale française, où les arrangements sont ratés et le moral est au plus bas.

Sur une photo épinglée dans l’open space, 27 collaborateurs installent les uns à côté des autres. Sur le visage de la moitié d’entre eux, des petites gommettes ont été installées. Ce sont tous ceux qui, depuis le début de l’année, ont abandonné la « famille » Blizzard Entertainment, soit pour fuir sous des cieux plus cléments, soit parce qu’ils sont immobilisés pour burn-out ou dépression. Cette succursale européenne du géant du jeu vidéo Activision Blizzard, sise à Versailles, a abondamment été aperçue comme l’une des plus protégées et solidaires de l’industrie en France. Ses 450 travailleurs sont actuellement affectés par un plan de réduction de 30 % des effectifs annoncé le 12 février.

Ce jour-là, durant d’une réunion téléphonique avec ses actionnaires, Bobby Kotick, président d’Activision Blizzard, numéro un mondial de l’édition de jeux vidéo, établi aux Etats-Unis, annonce une réduction de 8 % des effectifs, soit approximativement 800 postes en moins dans le monde, principalement dans les métiers de l’édition, du support client et du marketing, pour s’ajuster sur la création. Avec 134 postes annulés, Blizzard Entertainment (nom de la structure versaillaise), filiale européenne polyglotte spécialisée dans l’animation de la communauté des joueurs, est le plus touché. Le lendemain, une réunion de crise est organisée. Depuis, plus rien ou presque.

« On travaille dans le noir »

Jeudi 20 juin, après quatre mois d’ambiguïté, les salariés de la principale antenne européenne de l’une des entreprises de jeu vidéo les plus mythiques (qui a créé World of Warcraft, Diablo, StarCraft, Hearthstone…) ont finalement été mis au courant par leur direction des contours du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) illégal mis en place par le « top management ». Dans les grandes lignes : un package de quatre à cinq semaines de salaire par année d’ancienneté et dix mois de congé de classement, un plan de départs volontaires ouvert cet été et des licenciements économiques à la rentrée. Mais ils ignorent encore qui, effectivement, est concerné par le plan.

Depuis, les syndicats peignent les employés comme « stressés », « fatigués », « inquiets », « démotivés ». « A Blizzard, on se connaît tous depuis longtemps, les collègues finissent par devenir des amis, et voir des amis craquer, c’est dur », affirme l’un d’entre eux, les yeux dans le vague. Tous révoquent l’opacité dans laquelle se terre la direction. « En tant que manageur d’équipe, je n’ai aucune information sur rien, on est entièrement aveugle, on travaille dans le noir », se décourage Romain, représentant de la CGT. « Il y a un énorme sentiment de peur et un stress intense », confirme un cadre de l’entreprise.

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LJD

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