Le constructeur des maisons Phénix placé en liquidation judiciaire

Le constructeur des maisons Phénix placé en liquidation judiciaire

Une maison Phénix à Wizernes, dans le Pas-de-Calais, en 2019.

« Phénix, pour que chacun ait sa maison. » Ce slogan publicitaire qui a marqué les années 1970 a fait du groupe Geoxia, constructeur des célèbres maisons Phénix, un symbole de l’accession de masse à la maison individuelle. Son modèle a fait long feu. Le tribunal de commerce de Nanterre a placé quatorze sociétés sur les dix-sept du groupe en liquidation judiciaire, mardi 28 juin, faute d’offres de repreneurs pour son activité.

« J’y ai cru jusqu’à la dernière minute, c’est un peu le sol qui s’effondre sous mes pieds », a réagi Lucy Grolleau, secrétaire du comité social et économique (CSE) de l’entreprise. La liquidation « est à effet immédiat », a-t-elle ajouté, « j’ai demandé à tous les salariés de quitter leur lieu de travail ». Geoxia, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 252 millions d’euros en 2021, employait près de 1 150 personnes.

« Une nouvelle audience est prévue le 5 juillet pour examiner la poursuite d’activité des usines de Geoxia pendant trois mois, afin de produire les pièces utiles aux chantiers en cours », a détaillé le groupe dans un communiqué. L’AGS (le régime de garantie des salaires) « s’est saisie du dossier, afin que les salariés de Geoxia puissent toucher rapidement ce qui leur est dû », ajoute le groupe.

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Le plan de grands licenciements, qui cible les entreprises de plus de 200 employés, a été activé, a expliqué Bercy, « pour aider les salariés à retrouver un emploi dans un secteur que l’on sait en forte demande de main-d’œuvre ».

Faute d’avoir accès aux financements bancaires, après de premières difficultés à la fin des années 2000, la direction de Geoxia avait frappé à la porte du ministère de l’économie pour lui réclamer 70 millions d’euros. Elle s’était vu opposer une fin de non-recevoir.

« L’Etat ne peut pas financer seul les pertes passées et futures, sans aucun actionnaire. Il peut soutenir un repreneur mais ne peut pas se substituer à un actionnaire, a tranché Bercy. L’absence de repreneur est bien le signal des difficultés structurelles de l’entreprise. »

Inquiétude pour les chantiers en cours

Il faut, néanmoins, mener à bien les chantiers en cours. « Phénix a 300 maisons à finir », ce qui représente trois mois de travail, a assuré Fernando Cabete Neves, délégué syndical CFTC. Les trois usines de l’entreprise, qui fabriquait elle-même les dalles et charpentes de ses maisons, ont obtenu un sursis : l’Etat a décidé de financer leur poursuite d’activité pour mener à bien les chantiers en cours, a signifié le ministère de l’économie à l’Agence France-Presse.

Pour les chantiers ouverts, les assureurs vont prendre le relais, a précisé Bercy, en recrutant la main-d’œuvre et en prenant en charge les pénalités de retard et les surcoûts. « Ce sont eux qui vont prendre contact avec les assurés dans les prochains jours pour les tenir informés des prochaines étapes pour terminer leur chantier », poursuit le ministère.

Modèle économique fragilisé

Créé en 1946, Maisons Phénix s’est développé en France grâce à un modèle standardisé de maison individuelle, rapide et peu chère à construire. Le groupe fabriquait dans ses propres usines leur ossature, des charpentes métalliques, ensuite, apportées toutes faites sur les chantiers. Il avait connu des premières difficultés à la fin des années 2000, qui lui avaient coupé l’accès aux financements des banques.

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« C’est un peu un choc dans l’univers de la construction, parce que c’était la marque la plus renommée, mais les mésaventures de Geoxia ne sont pas forcément représentatives du marché de la maison individuelle ces dernières années », a réagi Damien Hereng, président de la Fédération des constructeurs de maisons individuelles.

La hausse des prix de l’immobilier et l’assèchement des aides à l’accession à la propriété, qui ont éloigné les ménages modestes de l’achat immobilier, l’ont privé de son cœur de cible. Et le groupe n’est pas parvenu à monter en gamme à temps. La crise sanitaire, puis la guerre en Ukraine, ainsi que la flambée des prix des matériaux et de l’énergie qui les ont accompagnées, lui ont porté le coup de grâce.

« Avec les contraintes de construction qui se sont ajoutées année après année, l’envolée des prix des matériaux et l’augmentation des prix des terrains, le client moyen qui achète une maison, aujourd’hui, est sensiblement différent de celui qui achetait il y a cinq ou six ans », résume Damien Hereng, président de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles.

Le Monde avec AFP

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