L’argot de bureau : « Downsizing », chéri, j’ai rétréci la boîte
Et si réduire les humains à la taille d’une souris permettait de résoudre les problèmes de la planète ? C’est le scénario de Downsizing, un film américain sorti en 2018. En management, c’est plus ou moins la même chose : on tente de réduire les budgets et les effectifs pour sauver sa peau. Le film d’Alexander Payne a connu un échec commercial cuisant : le downsizing d’entreprise sera-t-il aussi impopulaire ?
Cette expression s’est répandue dans les années 1970 pour désigner la réduction de la taille des systèmes informatiques. Dans un autre domaine, la mécanique, le downsizing consiste à limiter la cylindrée d’un moteur pour en diminuer la consommation en carburant, sans affecter sa puissance. En management, c’est la taille de l’entreprise qui baisse, dans le but de réaliser des économies d’échelle et d’améliorer la rentabilité.
Pour la case traduction, le secteur informatique recommande depuis 1993 un vocable qui semble tout droit sorti de la bouche d’un savant fou : la « micromisation » ! Les responsables des ressources humaines parlent plus couramment d’« économies d’échelle » ou de « restructuration ».
Une refonte de l’organisation
Le downsizing n’est pas un laser game, c’est une tâche crève-cœur. Il s’agit de se séparer d’une partie de son entreprise, de ses locaux, de son personnel. Faute de rayon laser magique, c’est une branche d’activité qui est coupée, une filiale fermée, des postes hiérarchiques jugés superflus supprimés. Adieu, Monsieur le sous-directeur adjoint de la section comptabilité de la sous-direction régionale…
Finalement, le downsizing n’est pas très éloigné du plan social : « il faut dégraisser le mammouth », pour reprendre l’expression du ministre de l’éducation nationale de 1997, Claude Allègre. Mais, plus qu’une vague de licenciements, le downsizing est une refonte de l’organisation et des méthodes de production à long terme. Le préfixe « down » n’annonçant rien de bon, certaines entreprises préfèrent parler de « rightsizing » : un ajustement des coûts au niveau de l’activité, car, après tout, ce n’est pas la taille qui compte.
Un changement de cap ou un déclassement?
Ce genre de coupe n’envoie toutefois pas toujours les bons signaux : malgré des justifications habiles de cette « restructuration », les marchés peuvent voir dans les économies d’échelle d’une entreprise la confirmation de ses difficultés.
Demandez à Toblerone, qui a appliqué en 2016 le downsizing au marketing : ils ont réussi à réduire la taille de leurs barres chocolatées sans toucher au prix… avant que le public s’en rende compte. Enlevez du chocolat dans votre entreprise, et vous perdrez peut-être vos clients…
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