l’Amérique le paradis d’Air France
Air France vient de démarrer une nouvelle ligne transatlantique pour Dallas, au Texas.
Jean-Marc Janaillac, ex-PDG d’Air France-KLM, observer vers l’est, avec la Chine en point de mire. Anne Rigail, la nouvelle patronne d’Air France, voit plutôt vers l’Ouest. La patronne de la compagnie aérienne cherche d’abord à fortifier la société commune, qui associe Air France-KLM à l’américaine Delta Airlines pour l’Atlantique nord. Il faut dire que ce joint-venture (JV) pesant dans les comptes des deux compagnies, avec un chiffre d’affaires annuel de 13 milliards de dollars (11,6 milliards d’euros). A elle seule, elle évoque plus de 20 % du chiffre d’affaires d’Air France-KLM.
Ce poids devrait encore s’accroître, avec le lancement, depuis le 31 mars, d’une nouvelle ligne vers Dallas, au Texas. La 13e destination d’Air France aux Etats-Unis et la 22e pour Air France-KLM. Cette récente ligne ne doit rien au hasard. Elle vient d’accomplir l’accord de coopération, qui lie Air France avec la compagnie indienne Jet Airways. « Le joint-venture avec Jet Airways fonctionne très bien entre l’Europe et l’Inde. La collaboration est tellement positif que l’on fera tout pour formtifier [la compagnie indienne] », a décalaré Mme Rigail, qui faisait allusion aux difficultés financières qui affectent cette dernière. Avec l’apport de Jet Airways, « les recettes unitaires ont progressé », s’est-elle félicitée. Pour Air France, la collaboration avec la compagnie indienne est avantageux, grâce à « une saisonnalité inversée », se réjouit Mme Rigail. Au contraire de la plupart des passagers, ceux du sous-continent viennent aux Etats-Unis à contre-cycle, principalement en hiver, alors que la pleine saison pour Air France-KLM a lieu en été.
A l’avenir, le joint-venture sur l’Atlantique nord devrait profiter de l’arrivée de la britannique Virgin Atlantic, contrôlée à 31 % par Air France et à 49 % par Delta Airlines. « Virgin Atlantic nous apporte le Royaume-Uni », se félicite Air France. Avec la compagnie britannique, le partenariat franco-américain va pouvoir présenter des vols au départ de Londres.
Problème de rentabilité
Après Dallas, Mme Rigail parie plus sur « le développement de nouvelles fréquences que sur l’ouverture de nouvelles lignes aux Etats-Unis ». L’idée maîtresse de la directrice générale est « la performance opérationnelle », autrement dit la robustesse de l’exploitation, son bénéfice. Elle a posé un « problème en 2018 ». Pour le résoudre, en 2019, Air France « a réaménagé son programme avec une offre simplifiée ». La compagnie veut choyer sa clientèle premium, qui représente « 55 % [du] chiffre d’affaires sur les Etats-Unis ». A ses passagers de « première » ou de classe affaires, Air France va offrir« au moins un vol par jour avec un full flat bed », un lit complètement plat.
Outre l’Amérique, l’autre pilier du développement d’Air France est Transavia, sa filiale à bas coûts. Elle offre « la meilleure marge du groupe », déclare Mme Rigail. Selon elle, Transavia est « un bon outil offensif sur le point-à-point au départ des bases en France ». Mais la filiale est aussi un bouclier contre les appétits de compagnies comme easyJet ou Ryanair. « C’est un outil défensif contre l’arrivée des low cost en France », déclare la directrice générale.
La flotte de Transavia France va passer à 40 appareils. Air France aimerait la faire croître encore plus au futur. « La question se pose », déclare Mme Rigail. Pour faire grossir Transavia, Air France doit obtenir le feu vert des pilotes. Avant la crise de Boeing, Air France aurait dû passer une commande d’une centaine de 737 Max pour renouveler les flottes de Transavia France et Transavia Holland. Une commande tardé, faute d’avoir obtenu alors l’accord des syndicats de pilotes. Cela ne devrait être que partie remise.
Pour avoir son rang parmi les premières compagnies au monde, une ambition fixée par Benjamin Smith, directeur général d’Air France-KLM, Air France va investir 1 milliard d’euros sur cinq ans, dont 600 millions d’euros entre 2019 et 2020, a déclaré Anne Rigail. Avec ce montant, la compagnie aérienne va moderniser les cabines de ses 15 A330 pour 140 millions d’euros. De l’été 2019 à celui de 2020, ce sont les douze Boeing 777 à destination des Antilles qui bénéficieront d’une enveloppe de 125 millions d’euros pour leur intérieur. Les sept A380 se referont une beauté « à l’automne 2020 », selon Mme Rigail pour 200 millions à 220 millions d’euros. Finalement, dès cette année, 100 millions d’euros seront consacrés à l’installation de la Wi-Fi sur tous les long-courriers de la flotte d’Air France, soit 60 % des avions de la compagnie aérienne.