La tension monte autour du financement d’EDF
Dix-sept ans après l’ouverture de son capital, en 2004, faut-il renationaliser le groupe Electricité de France (EDF), encore détenu à 83,9 % par l’Etat ? Puis le recapitaliser aussi, avec augmentation de ses ressources ? « Aucune option (…) ne doit être écartée, répondait Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, le 15 février, sur le plateau de BFM Business. Toutes n’appartiennent pas forcément au même calendrier, mais toutes les options sont sur la table. » Même celle de la renationalisation, sans la nommer, quitte à aller dans le sens de certains candidats de gauche à l’élection présidentielle.
Vendredi 18 février, l’entreprise présentera ses résultats pour l’année 2021. Notamment son niveau d’endettement, qui s’élevait à 42,3 milliards d’euros en 2020, pour un chiffre d’affaires de 69 milliards d’euros. Les certitudes se font rares, en pleine crise des prix de l’énergie. Si ce n’est que l’électricien aura grand besoin d’une solide assise au vu de ses futurs investissements.
D’abord, pour prolonger autant que possible ses cinquante-six réacteurs nucléaires existants, principaux pourvoyeurs d’électricité dans le pays. Ensuite, pour en construire entre six et quatorze nouveaux d’ici à 2050 – la nouvelle feuille de route d’Emmanuel Macron depuis le 10 février, établie en toute fin de quinquennat. « L’Etat prendra ses responsabilités pour sécuriser la situation financière d’EDF et sa capacité de financement à court et à moyen terme », a précisé le président de la République, mentionnant aussi « plus de 10 milliards d’euros » déjà mobilisés au cours des six dernières années « pour le renforcement du bilan de l’entreprise ».
« Dire que l’Etat reprend la main »
Au 31 décembre 2021, les parts restantes du capital se répartissaient entre acteurs institutionnels, porteurs individuels, actionnaires salariés et autodétention. Petites parts et petit prix : mardi, l’action finissait la journée en Bourse à un peu plus de 8 euros. Celle-ci avait déjà dégringolé en décembre 2021, lorsque EDF avait annoncé la mise à l’arrêt prolongée de quatre réacteurs à cause d’une corrosion.
Ainsi, nationaliser le groupe sans le recapitaliser coûterait moins de 5 milliards d’euros à l’Etat. « Ce serait politiquement une manière de dire que l’Etat reprend la main », estime Nicolas Goldberg, référent énergie pour le cabinet de conseil Colombus Consulting. Mais la solution aurait vite ses limites. « Renationaliser EDF sans recapitalisation, ce n’est pas renforcer ses fonds propres », rappelle Alexandre Grillat, représentant syndical de la fédération CFE-CGC Energies.
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