La sédentarité, un risque professionnel accru par le télétravail
Au fil de ses consultations, la cardiologue Claire Mounier-Vehier a perçu combien le confinement avait pu abîmer la bonne santé de ses patients. « Plus de prise de poids, plus de stress également, et, fréquemment, des déséquilibres observés dans les traitements, tout particulièrement ceux de l’hypertension artérielle », indique-t-elle. Et de conclure : « La pandémie a mis en lumière les nombreux effets pervers de la sédentarité. »
Des effets que les professionnels de la santé au travail observent aujourd’hui avec inquiétude. Car le télétravail, largement déployé lors des confinements successifs, se développe aujourd’hui durablement en France et favorise, chez les salariés, un mode de vie plus sédentaire. Inutile de sortir de chez soi pour se rendre au bureau, de se déplacer pour se réunir avec des collègues. Les rendez-vous avec des clients peuvent, quant à eux, avoir lieu en visioconférence depuis son salon. La plupart des journées de travail se déroulent ainsi exclusivement devant l’écran de son ordinateur. « En conséquence, beaucoup de ces télétravailleurs reconnaissent ne plus bouger », note une médecin du travail francilienne.
Or le maintien en position assise durant plusieurs heures présente de nombreux risques pour la santé, l’impact apparaissant particulièrement à partir de sept heures par jour. « C’est quelque chose de dramatique, tranche Frédéric Dutheil, professeur en médecine du travail au CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). La sédentarité est même la première cause de mortalité évitable dans les pays développés. C’est un fait malheureusement largement ignoré. »
Surpoids, hypertension, diabète
L’absence de mouvement peut tout d’abord favoriser l’apparition de troubles musculo-squelettiques et de lombalgies. Elle se répercute par ailleurs sur la circulation sanguine. « Nous voyons apparaître la “phlébite du télétravail”, parfois chez des patients assez jeunes, qui peuvent rester douze heures par jour devant leur ordinateur quasiment sans bouger », explique Mme Mounier-Vehier.
La sédentarité augmente aussi les facteurs de risques cardiovasculaires comme le surpoids, l’hypertension artérielle ou le diabète. Elle peut provoquer infarctus ou accidents vasculaires cérébraux. Elle accentue aussi les risques de développer certains cancers. L’impact peut être également psychique. « On relève des états anxieux, dépressifs », indique M. Dutheil. « La sédentarité favorise la rumination, poursuit Mme Mounier-Vehier. L’activité physique est nécessaire pour oxygéner son cerveau et avoir un mental positif, mais aussi une plus grande capacité de réflexion. »
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