La région parisienne menacée d’une nouvelle désindustrialisation

La région parisienne menacée d’une nouvelle désindustrialisation

Des ouvriers de Renault manifestent contre la fermeture du site du constructeur automobile, le 29 mai à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne).

Est-ce le début d’une nouvelle vague ? La question tourmente les syndicalistes, les élus, les chefs d’entreprise d’Ile-de-France depuis que Renault a confirmé, le 29 mai, son intention de fermer son usine de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), et d’arrêter l’assemblage de voitures sur son site historique de Flins (Yvelines), où travaillent encore 4 000 personnes.

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Après des décennies de déclin, la région parisienne avait enfin stoppé depuis deux ans la chute de l’emploi industriel. Or la crise économique actuelle ne peut qu’enrayer cette amélioration. Pire, au-delà d’un trou d’air ponctuel, elle pourrait annoncer une nouvelle désindustrialisation de la première région économique française. Exactement l’inverse de la relocalisation des productions prônée par beaucoup depuis l’épidémie de Covid-19.

« Une situation de dépendance »

« Oui, le risque est là, les entreprises utilisant l’alibi de la crise sanitaire », s’alarme Didier Guillaume, le maire communiste de Choisy-le-Roi. « Avec des annonces comme celles de Renault, on peut assister à une désindustrialisation progressive du bassin d’emploi », s’inquiète également Jean François Mbaye, député (La République en marche) du Val-de-Marne.

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Au même moment que le plan d’économie de Renault, un autre dossier a avivé les craintes, celui de Sanofi. Le groupe pharmaceutique avait annoncé, en juillet 2019, sa volonté d’abandonner son centre de recherche d’Alfortville (Val-de-Marne). Ces dernières semaines, plusieurs élus ont tenté de remettre en cause la décision, en tirant les leçons de la crise sanitaire. La multiplication de ce type de mesures « met la France dans une situation de dépendance vis-à-vis des autres pays », a plaidé la sénatrice communiste du Val-de-Marne Laurence Cohen.

Aux yeux des responsables politiques, l’urgence consiste au contraire à « réarmer » la filière de la santé, en ouvrant des sites comme l’usine de masques chirurgicaux montée en quelques semaines par un homme d’affaires chinois au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Un discours sans effet. Sanofi l’a confirmé : d’ici la fin de l’année, Alfortville aura fermé ses portes.

Autre sujet d’interrogation, l’aéronautique, une des principales industries d’Ile-de-France. Frappé de plein fouet par l’arrêt brutal du trafic aérien, le secteur doit bénéficier d’une aide massive de l’Etat. Cela suffira-t-il à empêcher licenciements et restructurations ?

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Globalement, « la crise sanitaire va probablement alourdir les pertes d’emplois » en Ile-de-France, « alors que le secteur était à peine entré dans une phase plus favorable depuis mi-2018 », anticipent les experts de la chambre de commerce et d’industrie.

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LJD

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