« La Raison d’être de l’entreprise » : éviter la dernière ruse du capitalisme
Le livre. Souvent appréhendées comme de simples acteurs économiques, enchâssées dans des marchés au sein desquels elles espèrent prospérer, les entreprises, et en particulier les grandes entreprises, sont au centre de nos sociétés contemporaines. Elles ont une multitude d’impacts sur notre quotidien et déterminent notre futur.
Si l’on s’en tient aux indicateurs économiques traditionnels, la situation est appréciable. En 2019, les quarante plus grandes entreprises françaises ont versé la somme record de 49 milliards d’euros à leurs actionnaires. Mais les performances économiques et technologiques des entreprises ne doivent cependant pas masquer « une réalité politique qui devient chaque jour plus évidente : la dynamique de progrès social et environnemental est en panne », alerte Bertrand Valiorgue dans La Raison d’être de l’entreprise.
Le législateur français a souhaité interroger la place et la contribution de l’entreprise à la vie de la cité à travers la loi Pacte, qui contient « plusieurs dispositions susceptibles d’amener les entreprises à développer une croissance inclusive et de mieux prendre en charge les conséquences de leurs activités au niveau de l’environnement et de leurs parties prenantes », analyse le professeur de stratégie et gouvernance des entreprises à l’université Clermont- Auvergne.
L’empreinte environnementale des entreprises
Quels contours de la nouvelle entreprise se dessinent à l’issue de la loi Pacte ? Quels changements convient-il de mettre en place, afin de redéfinir la contribution de l’entreprise à la vie de la cité, et enclencher une nouvelle dynamique de progrès social et environnemental ?
Le traité montre l’ampleur des changements qui sous-tendent la réforme de la gouvernance de l’entreprise, et interroge « les origines et les problèmes de fond dans le fonctionnement des grandes entreprises qui ont poussé le législateur français à promouvoir des changements législatifs substantiels, afin de pousser les entreprises à mieux contribuer au progrès social et environnemental ».
Un coup d’œil rapide sur les conditions de production et de distribution de la valeur économique générée par les grandes entreprises permet, souligne le membre du laboratoire de recherche Clermont Recherche Management (CleRMa), de nuancer les niveaux de performance. Si les grandes entreprises dégagent d’importants bénéfices pour rémunérer les épargnants et maintenir des cours d’action élevés, « c’est aussi grâce aux pressions qu’elles exercent sur leurs partenaires économiques de taille plus modeste ».
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