La pandémie de Covid-19 a fait basculer 114 millions de personnes dans l’inactivité et le chômage

La pandémie de Covid-19 a fait basculer 114 millions de personnes dans l’inactivité et le chômage

Si la crise économique et sociale engendrée par la pandémie est mondiale, elle ne touche pas avec la même gravité tous les secteurs, tous les salariés ni même toutes les régions. En tirant le bilan de l’année 2020, l’Organisation internationale du travail (OIT) a recensé les heures de travail perdues, les emplois détruits ou encore les revenus amputés. Les chiffres obtenus traduisent l’ampleur de la catastrophe, plus importante encore qu’au lendemain de la crise financière mondiale de 2009.

Dans un rapport présenté lundi 25 janvier, cette agence des Nations unies chiffre à 8,8 % la perte des heures de travail sur l’ensemble de l’année 2020, par rapport au quatrième trimestre 2019, ce qui représente un nombre quatre fois plus élevé que lors de la crise financière. L’OIT a certes revu à la hausse ses dernières prévisions, publiées fin septembre, notamment sur l’activité des troisième et quatrième trimestres, évoquant les « signes d’une timide reprise économique » sur le monde du travail. Mais les différentes statistiques présentées dans le rapport expriment néanmoins un niveau « sans précédent » de pertes d’emplois.

La perte d’heures de travail représente l’équivalent de 255 millions d’emplois à plein temps (sur la base d’une semaine de travail de quarante-huit heures). Ces heures perdues, précise le rapport, « recouvrent à la fois la réduction du nombre d’heures effectuées par celles et ceux qui ont un travail » et les pertes d’emploi sèches, touchant au total 114 millions de personnes. Les effets de la pandémie sont directs, soit en raison des mesures de restriction qui ont poussé des salariés dans le monde entier à quitter le marché du travail, soit en décourageant celles et ceux qui cherchaient un emploi. L’inactivité touche 81 millions de personnes, plus que le chômage, qui en affecte 33 millions. Ainsi, « si l’on s’attache uniquement au chômage, on sous-estime gravement les conséquences du Covid-19 sur le marché du travail », prévient l’OIT.

« Génération perdue »

Les employés du laboratoire Sanofi Pasteur manifestent devant les locaux de l’entreprise à Marcy-l'Etoile, près de Lyon, le 19 janvier. Sanofi, le plus gros laboratoire pharmaceutique français, a confimé des licenciements dans sa branche Recherche et Développement.

L’ensemble de ces pertes s’est traduit par une baisse de 8,3 % des revenus du travail, avant la prise en compte des mesures de soutien, soit l’équivalent de 3 700 milliards de dollars (3 040 milliards d’euros) ou encore 4,4 % du produit intérieur brut mondial.

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Les premières victimes de cette crise sont les femmes et les jeunes. Alors que les pertes d’emploi ayant affecté les hommes s’élèvent à 3,9 %, elles atteignent 5 % pour les femmes. Et, chez les jeunes (de 15 à 24 ans), elles arrivent à 8,7 %. Ces derniers ont perdu leur emploi, ont quitté la vie active ou encore ont retardé leur entrée sur le marché du travail. Ce qui, selon l’OIT, « met en évidence le risque plus que jamais réel d’une génération perdue ». Autres victimes, les travailleurs les moins qualifiés ou les plus faiblement rémunérés. Pour l’OIT, ce constat doit amener les gouvernements à mettre en place des stratégies ciblées sur ces populations les plus vulnérables.

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