La motivation aussi efficace qu’une hausse de salaire?
Livre. Des sites sur lesquels les travailleurs peuvent noter la qualité de vie et les conditions de travail dans leur entreprise, comme Greatplacetowork ou Glassdoor, aux happiness officers (« chefs du bonheur »), qui ont fait leur entrée dans les effectifs ces dernières années, les initiatives visant à stimuler et mesurer le bien-être au travail se multiplient.
L’enjeu ne se limite pas à la sphère professionnelle, puisque l’emploi influence de nombreux aspects de la vie : santé, apprentissage, épanouissement et estime de soi, statut social, sentiment d’appartenance et identité sociale. « En somme, le bien-être au travail est un ingrédient essentiel à la satisfaction générale de la vie », résume Claudia Senik, professeure à Sorbonne Université et à l’Ecole d’économie de Paris, dans l’essai Bien-être au travail (Presses de Sciences Po).
L’ouvrage présente les leviers du bien-être au travail, dans les entreprises qui en font un objectif légitime pour accroître la productivité des travailleurs et les retenir.
Dans la première partie, l’auteur rappelle les principales mesures du bien-être issues de la recherche en sciences sociales : les risques psychosociaux, le capital social, les traits de l’organisation hiérarchique et la répartition des rémunérations.
Une deuxième partie analyse deux enquêtes relatives aux sources du bien-être : Reponse 2017, réalisée par le ministère du travail, et European Working Conditions Survey, conduite par Eurofound.
Ces deux enquêtes révèlent l’importance des facteurs organisationnels : l’autonomie, le climat social et les perspectives de progression. Ainsi, le fait de se sentir très motivé par son organisation produit le même effet qu’un doublement du salaire moyen. A l’inverse, le risque de santé produit le même effet qu’une réduction d’environ 60 % du salaire moyen.
Insatisfaction française
L’enquête européenne pointe également l’insatisfaction française : au sein des 32 pays européens étudiés, ce sont les Français qui s’estiment, en moyenne, les moins bien payés au regard du travail qu’ils fournissent. Un tableau similaire se dessine en ce qui concerne le fait d’être motivé par son organisation ou de se sentir bon dans son travail.
Les Français sont aussi plus réactifs que la moyenne des Européens à la plupart des dimensions de leur environnement de travail, notamment au climat social, à la conciliation travail-famille et à leurs perspectives de progression. On dispose désormais d’outils permettant de mesurer le bien-être au travail, et même d’identifier les cultures propres à chaque entreprise. « Si la mine d’informations détenues pouvait s’ouvrir davantage aux chercheurs, ceux-ci pourraient contribuer, en retour, à promouvoir le bien-être des salariés. »
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