La fusion Société générale-Crédit du Nord entraînera 3 700 suppressions de postes d’ici à 2025
En septembre 2020, la Société générale révélait son projet d’absorption, par son réseau d’agences, de celui de sa filiale Crédit du Nord, afin de réduire ses coûts de 450 millions d’euros en 2025. Un an plus tard, le groupe a précisé, mardi 12 octobre, les détails de cette fusion, prévue pour le 1er janvier 2023. Elle se traduira par une baisse importante des effectifs, la banque annonçant 3 700 suppressions nettes de postes entre 2023 et 2025, pour ne plus compter dans le réseau unifié que 25 000 collaborateurs. « Soit environ 15 % des effectifs actuels en moins », a réagi la CGT, en déplorant « un projet stratégique risqué et socialement coûteux ».
Le groupe s’engage à ce que la fusion soit réalisée « sans aucun départ contraint », les suppressions de postes devant s’appuyer sur les départs naturels (retraite, démissions, etc.), estimés à 1 500 par an d’ici à 2025. Il mise par ailleurs sur les reclassements et les mobilités internes. Quelque 100 millions d’euros seront consacrés à un plan pour la formation et l’accompagnement des salariés dont le métier évoluera. La direction reconnaît toutefois que « sur certains métiers et bassins d’emploi, des mesures complémentaires de départs volontaires pourraient être mises en place ».
Réduction très significative
La fusion entraînera une réduction très significative du nombre d’agences, puisque plus de 600 agences Société générale ou Crédit du Nord vont fermer. Le réseau regroupé ne comptera ainsi plus que 1 450 agences en 2025. En 2013, les deux enseignes recensaient ensemble encore 3 158 points de vente. Le maillage aura donc été divisé par plus de deux en une douzaine d’années. La direction du groupe assure cependant que « le regroupement des agences sera réalisé sans quitter de villes, puisqu’il concernera des agences Société générale et Crédit du Nord situées à proximité les unes des autres dans une même ville ».
Avec l’art d’une formule transformant le moins en plus, le groupe ajoute que « ce maillage représentera à terme plus de points de vente pour nos clients : 15 % de plus pour les clients Société générale par rapport à 2020 et près de trois fois plus pour ceux du Crédit du Nord ».
Les baisses d’effectifs proviendront aussi largement de fermetures de sites de back-office, ces centres de traitement des opérations bancaires, qui passeront de 24 à 13. La banque ne disposera par ailleurs plus que d’un seul siège, et d’un seul système informatique. Le nouvel établissement entend toutefois capitaliser sur la force du modèle régional du Crédit du Nord, en jouant la carte de la décentralisation. Il sera organisé en 11 régions qui bénéficieront de responsabilités élargies « pour renforcer la rapidité de la décision et la satisfaction client ».
La Société générale va combiner une nouvelle marque pour son réseau fusionné, qui reflétera « l’appartenance à un grand groupe et les spécificités régionales » et sera dévoilée courant 2022
S’inspirant du modèle mutualiste décentralisé, la banque proposera que, « dans l’immense majorité des cas », le choix d’accorder un crédit soit pris « la plupart du temps au niveau de l’agence et des centres d’affaires ». Pour conserver les clients très attachés aux différentes enseignes du groupe Crédit du Nord (composé de neuf institutions régionales, dont les banques Courtois, Kolb, Laydernier, Nuger ou Tarneaud), la Société générale va combiner une nouvelle marque pour son réseau fusionné, qui reflétera « l’appartenance à un grand groupe et les spécificités régionales » et sera dévoilée courant 2022.
Les 10 millions de clients du nouveau réseau constateront d’autres changements : « La joignabilité de nos conseillers sera renforcée, en augmentant de 15 % le nombre de conseillers dans nos centres de relation à distance, et avec une amplitude d’ouverture des agences plus importante », note le groupe. Quant aux clients « consommant essentiellement des services de la banque au quotidien », une nouvelle plate-forme à distance leur sera destinée.
Alors que les organisations syndicales reprochent à la direction d’avoir engagé cette fusion à la seule fin de réaliser des économies, la direction entend montrer qu’elle porte là un projet « offensif », et se fixe l’objectif très ambitieux de figurer « dans le top 3 de la satisfaction client ». Selon une étude confidentielle BVA menée en 2020 par une banque concurrente, la Société générale figurerait en 2020 au huitième rang – à l’avant-dernière place – d’un classement fondé sur l’indice de recommandation client (IRC). Loin derrière le trio de tête formé par le Crédit mutuel, le CIC et le Crédit agricole.