La directrice du régime de garantie des salaires licenciée pour « faute lourde »

La directrice du régime de garantie des salaires licenciée pour « faute lourde »

Houria Aouimeur-Milano, ex-directrice nationale du régime de garantie des salaires, à Paris, le 17 février 2023.

La sanction, qui était attendue, vient de tomber. Houria Aouimeur-Milano, la directrice nationale du régime de garantie des salaires, a été licenciée pour « faute lourde ». Restée confidentielle jusqu’à présent, cette mesure disciplinaire a été notifiée le 23 février en invoquant de « graves manquements » : train de vie dispendieux, prestations de service conclues au mépris des règles, etc. La mise en cause conteste la décision et soutient, par la voix de ses avocats, qu’il s’agit d’un acte de « représailles », après les signalements qu’elle a effectués sur de graves dérives au sein du secteur où elle évolue.

Le régime de garantie des salaires, connu sous l’acronyme AGS, constitue une entité singulière dans notre système de protection sociale. Il assure la rémunération des femmes et des hommes employés dans des entreprises en difficulté (redressement, liquidation, etc.). Les sommes sont mises à disposition des mandataires judiciaires qui les redistribuent ensuite aux personnels concernés. La gouvernance du dispositif incombe à « l’association AGS », dans laquelle siègent exclusivement des représentants de mouvements patronaux – dont le Medef, qui a un poids prépondérant. Les opérations concrètes, elles, sont menées à bien par la délégation Unédic AGS (DUA), qui est un « établissement » de l’Unédic, l’association gérant l’assurance-chômage.

Fin 2018, Mme Aouimeur-Milano est nommée à la tête de la DUA. Quelques mois plus tard, un audit réalisé par le cabinet EY révèle des dysfonctionnements susceptibles d’engager la responsabilité du prédécesseur de la directrice nationale, Thierry Météyé. Celui-ci se voit reprocher – entre autres – d’avoir attribué de façon « massive et anormale » des dossiers à une avocate. Il est placé à la retraite puis licencié pour faute lourde.

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Une première série de plaintes est déposée en mars 2019 par plusieurs protagonistes, parmi lesquels le Medef et l’Unédic, pour « vol, corruption et prise illégale d’intérêt ». Très vite, les soupçons de malversations s’étendent à d’autres acteurs – en particulier à des administrateurs et mandataires judiciaires qui auraient trempé dans des combines avec l’ancienne direction de la DUA. Comme le dit à l’époque un haut responsable patronal, « on ne sait pas où est allé l’argent » avancé, dans certaines procédures, à ces professionnels servant d’intermédiaires. Un autre audit est commandé au cabinet Advolis qui s’interroge sur la destination finale de milliards d’euros ayant transité entre les mains de mandataires judiciaires entre 2013 et 2018.

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