La censure du gouvernement accentue l’incertitude des entreprises, des plus petites aux grands groupes

La censure du gouvernement accentue l’incertitude des entreprises, des plus petites aux grands groupes

L’année 2024, pour Somater, une entreprise spécialisée dans les emballages, ne sera pas à marquer d’une pierre blanche. Elle n’avait pas très bien commencé, après vingt-quatre mois d’inflation, une énergie très chère, des taux d’intérêt « super élevés », raconte son PDG, Félix Hubin. Mais elle ne s’achèvera pas non plus sous les flonflons.

La dissolution de l’Assemblée, porteuse de nombreuses incertitudes sur le cadre budgétaire et fiscal, a donné un « coup de frein extrêmement net » aux investissements, au ralenti depuis mai, et aux embauches. La nouvelle page politique qui s’ouvre aggrave encore l’incertitude. « Nous n’avons plus aucune idée de ce qui va se passer », s’inquiète M. Hubin.

« Prenez la réforme des retraites : savoir qu’un salarié part dans deux mois ou dans douze mois ne conduit pas aux mêmes décisions en termes de recrutement ». Dans le doute, Somater a mis en place un gel des embauches, qui a déjà conduit à une baisse de 10 % des effectifs environ, sur un millier de salariés.

Toutes les entreprises, des plus petites aux grands groupes, sont affectées par le manque de visibilité sur le terrain politique, qui vient s’ajouter à quatre années de soubresauts. « Ce que les agents économiques détestent, c’est l’instabilité », rappelle Nicolas (l’anonymat a été requis par l’intéressé). Aujourd’hui incapable de payer les dernières échéances de son prêt garanti par l’Etat, il s’apprête, la mort dans l’âme, à fermer son entreprise créée juste avant le Covid-19, faute d’activité. Ses clients, des acteurs de la distribution, se font tirer l’oreille pour renouveler leurs contrats. « Mon discours est devenu inaudible, déplore Nicolas. Aucune entreprise ne veut entendre parler de mettre de l’argent dans des projets de long terme, elles ne pensent qu’à sauver les meubles au quotidien. »

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Le groupe Societe.com, une entreprise de 35 salariés qui vend de l’information financière et administrative, a aussi fait les frais de cet attentisme. Le chiffre d’affaires a chuté de 75 % entre juillet et septembre par rapport à la même période en 2023. « Cette chute provient uniquement du segment étatique de notre clientèle et des grands groupes », explique Tristan Méneret, directeur de la stratégie.

Investissement des entreprises en baisse

Le rattrapage intervenu mi-octobre « montre que les budgets de nos clients ne se sont pas annulés, mais reportés le temps d’y voir plus clair dans le contexte politique ». Societe.com a décidé de les imiter et a reporté ses propres investissements. « La règle, c’est “wait and see” [attendre et voir] », prévient M. Méneret. « Aujourd’hui, les chefs d’entreprise sont tétanisés, poursuit Denis Le Bossé, président du cabinet ARC, spécialiste du recouvrement de créances. Les directeurs financiers ont pour mission de récupérer un maximum de trésorerie, quitte à allonger les délais de paiement, et à externaliser plutôt que de recruter. »

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