L’« effet cicatrice » ou les carrières abîmées des jeunes diplômés de la « génération Covid »
Moins d’entretiens de recrutement décrochés, un recul des embauches, un salaire d’entrée plus faible qu’anticipé et, finalement, un grand sentiment de frustration. L’étude menée, fin décembre 2020, par Syntec Conseil, l’organisation professionnelle représentant les métiers du conseil, laisse peu de place au doute sur les difficultés que rencontrent les jeunes diplômés qui font leur entrée sur le marché du travail.
Sur 750 jeunes ayant décroché leur diplôme en 2020, 55 % avaient trouvé un emploi à la fin de l’année. Un ratio qui, sans être catastrophique, est nettement inférieur à celui d’avant la crise. Le taux d’insertion se situait alors à 74 %, six mois après l’obtention du diplôme. Surtout, ces jeunes ont dû faire des « compromis à tous les niveaux », souligne l’organisation, qui représente 120 000 salariés en France.
Ces concessions portent d’abord sur le type de contrat : seulement la moitié des diplômés ayant trouvé un emploi ont été embauchés en CDI, contre 69 % en temps normal. Ensuite, sur la rémunération : une part « significative » d’entre eux ont dû accepter un salaire inférieur à leurs attentes. Enfin, bien des jeunes ont dû réviser leurs aspirations en termes de fonction, de secteur d’activité ou de localisation. C’est particulièrement le cas de ceux qui visaient un début de carrière à l’étranger : plus des deux tiers de ces derniers ont renoncé. Selon le cabinet Syntec Conseil, le risque est de voir émerger une « génération coronavirus » sur le marché du travail : autrement dit, des jeunes actifs durablement marqués par cette crise et les efforts consentis pour décrocher leur premier emploi.
« Après quatre ans, les différences s’estompent »
Combien de temps faudra-t-il pour surmonter ces difficultés rencontrées lors des premiers pas dans la vie active ? Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) a mené des travaux sur la génération arrivée sur le marché du travail en 2010, juste à la sortie de la crise de 2008-2009. Ces études démontrent qu’entrer dans la vie active dans un contexte de crise a bien une incidence négative sur les parcours professionnels.
Selon le cabinet Syntec Conseil, le risque est de voir émerger une « génération coronavirus » sur le marché du travail
Au bout de sept ans de vie active, ces jeunes avaient passé 73 % de leur temps en emploi, contre 80 % pour les jeunes sortis de formation en 1998. Pour 13 % d’entre eux, le Céreq évoque même une trajectoire professionnelle « dominée par le chômage », contre 7 % seulement pour les jeunes de 1998.
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