Indemnisation chômage : les oubliés de 2019
Angela, Daniel, Sophie, tous les trois chômeurs, ont été sonnés par le premier volet de la réforme de l’assurance-chômage qui, depuis novembre 2019, a rallongé le temps de travail minimal pour avoir droit à une indemnisation et les rapproche chaque jour un peu plus du moment où ils seront sans ressources.
Ils ont été cueillis par le confinement dû à l’épidémie de Covid-19 qui leur complique sérieusement la tâche pour retrouver un emploi. Leur seul horizon est la ligne floue de l’incertitude. « J’ai déjà connu des moments de creux. Mais là, je ne sais pas si cette fois on arrivera à se remettre sur les deux pattes… », lâche Angela, qui a demandé à préserver son anonymat.
L’incertitude, pourtant, cette quinquagénaire la connaît bien. Elle vit avec depuis trente ans. Depuis la mort de son mari, avec deux enfants à élever, elle a fini à force de petits boulots par tomber, par hasard, sur un métier qui, à l’époque, recrutait. Une exception à ne pas bouder à Valenciennes, dans ce Nord où le taux de chômage frôlait les sommets. Si le taux de chômage de la France est descendu à son niveau le plus bas, à 8,1 %, en fin d’année, il culmine à 14 % dans le bassin d’emploi de Valenciennes.
Le métier d’animatrice commerciale semblait fait pour elle, sa voix joyeuse, son bagou, son moral d’acier et son entêtement. Elle a progressé, s’est formée, elle en est même un peu fière. « J’ai commencé par le groupe SEB. Et j’ai eu l’occasion de travailler en grande parfumerie. J’ai été ambassadrice pour les parfums Bulgari. » Du travail, donc, et jusqu’à cinq jours par semaine. « On avait notre planning, ça allait tout seul. Aujourd’hui, ça n’est plus pareil. Il faut se battre. Il y a quand même plus de vendredi-samedi que de mardi-samedi », soit des semaines de travail parfois ramenées à deux jours.
Les allocations comblaient les jours « sans ». Depuis 2014, s’il fallait avoir travaillé quatre mois pour ouvrir des droits à l’indemnisation chômage pour quatre mois, il fallait ensuite cent cinquante heures pour les « recharger » et déclencher automatiquement un nouveau mois d’indemnités.
Cette économie de la précarité, Angela l’a gérée avec prudence, attentive à garder autant de jours que possible dans son escarcelle, à l’affût du travail, même pour une seule journée, même s’il fallait faire 60 km pour s’y rendre. « On en fait, de la route, dans ce métier. Il ne faut pas s’économiser. » Jusqu’au 1er novembre 2019.
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