Ilham Kadri, l’ex-stagiaire marocaine nommée à la tête de Solvay

Ilham Kadri, l’ex-stagiaire marocaine nommée à la tête de Solvay

La nouvelle PDG de Solvay, Ilham Kadri, le 15 novembre 2018, à Paris.

La nouvelle PDG de Solvay, Ilham Kadri, le 15 novembre 2018, à Paris. VINCENT ISORE / IP3 / MAXPPP

Une jeune Marocaine frappe à la porte de l’immense usine Solvay de Tavaux (Jura) en 1989. Ilham Kadri vient chercher un stage. Elle a 20 ans. « Une fille discrète mais sympa, avec un très beau visage et une forme de solidité, d’assurance », décrit un ancien camarade. Elle est venue trois ans plus tôt de Casablanca, juste après le bac, pour faire une prépa scientifique à Besançon, et enchaîné avec une licence à Mulhouse. Durant son stage, elle est chargée d’analyser l’eau de la petite rivière dans laquelle l’usine envoie ses effluents. C’est là, dit l’histoire, que le virus de la chimie la saisit.

Trente ans plus tard, Ilham Kadri se prépare à revenir à Tavaux, mais dans un tout autre rôle. Oubliée la stagiaire un peu ignorée ; bienvenue à la « présidente du comité exécutif ». Officiellement entrée chez Solvay mardi 1er janvier, elle va prendre la tête du vénérable groupe chimique le 1er mars, après avoir effectué un tour des grands sites.

En octobre, quand sa nomination a été prononcée, certains salariés sont tombés à la renverse. Cela faisait des mois qu’ils attendaient le nom du successeur de Jean-Pierre Clamadieu, en partance pour Engie. « A la cafétéria, on pensait que ce serait un quinquagénaire, un des membres du comité exécutif comme le Français Pascal Juéry », raconte une cadre. Surprise : aux candidats internes, le comité des nominations préfère une inconnue de 49 ans, née au Maroc et dénichée aux Etats-Unis par le chasseur de têtes Egon Zehnder. « Sept ans après la fusion Solvay-Rhodia, cela évite de nommer un ancien d’une des deux maisons, c’est plus neutre », analyse un syndicaliste.

« Ce qui a fait la différence, c’est son style de management, sa capacité à transformer l’entreprise, sa personnalité », déclare l’Espagnole Amparo Moraleda, l’une des membres du comité des nominations de Solvay

Ilham Kadri est l’une des premières femmes nommées au sommet d’un grand groupe belge, après Dominique Leroy (Belgacom-Proximus). Et la première dirigeante d’origine africaine pour une société de grande taille en Europe. Une décision brave pour une maison aussi classique, toujours contrôlée, cent cinquante-cinq ans après sa création, par les descendants des frères Solvay : les Solvay, les Janssen, les Thibaut de Maisières, les Coppens d’Eeckenbrugge, etc.

Comment l’ancienne stagiaire marocaine a-t-elle été adoubée par cette aristocratie ? De quelle manière a-t-elle brisé le double plafond de verre qui bloque la plupart des femmes et des Maghrébins ? « Tous les candidats avaient les compétences techniques nécessaires, et le fait qu’elle soit une femme n’a pas joué, ajoute l’Espagnole Amparo Moraleda, l’une des membres du comité des nominations. Ce qui a fait la différence, c’est son style de management, sa capacité à transformer l’entreprise, sa personnalité. »

 

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LJD

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