« Il faut cesser l’instrumentalisation des JO pour seule intention de faire des indépendants les “low cost” de l’emploi »
A l’approche des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, une petite musique se fait doucement entendre sur l’opportunité que représenterait le travail indépendant pour combler les recrutements difficiles dans les secteurs en tension. Vraie bonne idée ou prélude à la création d’un nouveau régime de l’emploi au rabais ? Si le régime de l’autoentrepreneur connaît un vrai succès, il doit rester cette porte vers la liberté universelle d’entreprendre auxquelles aspirent celles et ceux qui y ont recours depuis sa création.
Pour l’Union des autoentrepreneurs (UAE), Union-Indépendants et la CFDT, les autoentrepreneurs n’ont pas vocation à devenir les « low cost » du salariat, pas plus que la variable d’ajustement à bon compte du CDD ou de l’intérim. Il s’agirait d’une forme d’extension des dérives amenées par l’ubérisation et l’organisation du travail par les plates-formes.
Alors que le gouvernement a déjà par deux fois pris le prétexte des JO pour apporter des dérogations majeures au code du travail, en entretenant la confusion entre travail indépendant et salarié, il risquerait d’ouvrir la voie à une modification préjudiciable des règles de l’entrepreneuriat individuel et particulièrement du régime de l’autoentrepreneur.
Repenser les secteurs dits « en tension »
Disons-le clairement, ce régime n’est pas construit pour contourner les règles du salariat. S’engager dans les prémices d’une confrontation entre ces deux formes d’activités professionnelles serait parfaitement préjudiciable, aussi bien sur le plan économique que social.
Par extension, ce serait une chimère de laisser imaginer que dès qu’un employeur ou une branche professionnelle rencontre des difficultés de recrutement il pourrait recourir à un sous-traitant « subordonné », sans répondre au code du travail, qui régit les liens de subordination. Salariat et indépendance se complètent, ils ne se remplacent pas !
Les secteurs dits « en tension » doivent être repensés, car l’essoufflement des embauches témoigne davantage de la dureté des conditions de travail et d’emploi, de la faiblesse des rémunérations, d’un déficit d’anticipation en matière de formation, bref d’une absence d’attractivité globale qui perdure dans ces secteurs depuis des décennies.
Professionnaliser les autoentrepreneurs et les accompagner
Court-circuiter la pénurie en détournant les indépendants de leur autonomie ne ferait que jeter toute une population dans une sorte de précarité, car personne ne pourrait croire que ces « indépendants intérimaires » seraient mieux rémunérés et protégés pour ces mêmes activités que des salariés introuvables.
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