Grève inédite chez Sephora : « Je ne vois aucune trace de LVMH sur mon salaire ! »

Grève inédite chez Sephora : « Je ne vois aucune trace de LVMH sur mon salaire ! »

Des salariés de Sephora en grève, devant le magasin de la Défense (Hauts-de-Seine), le 25 novembre 2021.

« Bénéfices records pour les actionnaires, 0 euro pour les salariés », « Bernard Arnault, partage le magot ! », « Je ne vois aucune trace de LVMH sur mon salaire ! », clament leurs pancartes en carton. Une centaine de salariés en grève, très majoritairement des femmes, de la chaîne de cosmétiques et de parfums Sephora (groupe LVMH) se sont rassemblés à l’appel de la CGT, jeudi 25 novembre, devant le magasin de la Défense (Hauts-de-Seine).

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C’était, pour beaucoup, la première grève de leur vie. L’arrivée de chaque grappe de salariés de différents magasins d’Ile-de-France − dont ceux de gare du Nord, gare Saint-Lazare, ou des centres commerciaux Le Millénaire à Aubervilliers ou Vélizy-2, d’autres étant mobilisés en Gironde − était ainsi saluée par des vivats nourris. « On attendait ça depuis longtemps ! On est contentes de voir qu’on n’est pas seules et que d’autres ont eu le courage de sortir », confie Nicole, venue avec douze salariées du Sephora du centre commercial Rosny-2 (Seine-Saint-Denis).

« On était 35 CDI, aujourd’hui on est 13 »

« On en a marre, ras le bol ! », lancent, en chœur, Justine, 29 ans, Gaëlle, 32 ans, et Sanae, 34 ans, résumant l’état d’esprit général. « Il y a eu beaucoup de départs non remplacés. Avant le Covid, à Vélizy, on était trente-cinq CDI, aujourd’hui on est treize. La surcharge de travail est énorme », explique Justine. « On était vingt-deux CDI, aujourd’hui on est neuf, témoigne, de son côté, Ilhame, du Sephora du boulevard Saint-Germain à Paris. Il y a moins de touristes, mais ça ne justifie pas une telle baisse. Nous ne sommes pas assez pour répondre aux clients. »

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« Et, à côté de ça, le salaire est minime », insiste Gaëlle, qui touche « à peine quelques euros de plus que le smic » après cinq ans d’ancienneté. Les femmes présentes témoignaient de salaires allant du smic à 1 700 euros net, après parfois quinze ans chez Sephora. « Avec la hausse des dépenses du quotidien, les courses, l’essence, si le salaire ne suit pas, nous, on coule », insiste Cassandra, 29 ans.

« Ça m’a fait 7 euros net de plus par mois, c’est tellement ridicule que ça fait mal de le dire », souligne une salariée

« La question du pouvoir d’achat de nos salariés a toujours été au cœur des préoccupations de Sephora », répond l’entreprise au Monde, évoquant une grève marginale, observée par 3 % des CDI en magasin. L’entreprise renvoie aux négociations annuelles obligatoires prévues début 2022 mais souligne que, lors des fermetures dues au confinement, elle a compensé le chômage partiel à 100 % et qu’il y a bien eu des augmentations des salaires et des primes.

« On a obtenu 0,5 % d’augmentation fin 2020, sauf pour les cadres, qui ont eu 0 % », rétorque Jenny Urbina, déléguée CGT. « Ça m’a fait 7 euros net par mois, c’est tellement ridicule que ça fait mal de le dire », souligne une salariée. Des primes jusqu’à 15 euros brut par jour sont prévues quand les objectifs quotidiens et mensuels de chiffre d’affaires sont atteints. « Mais on ne les fait pas ! », précise Mildred, 25 ans. « Ils sont de plus en plus inatteignables », insiste Véronika, onze ans chez Sephora, 1 400 euros net par mois.

« On est fatiguées d’être mal payées. La direction nous parle de prime Macron, mais nous, ce qu’on veut, c’est 180 euros d’augmentation pour tous et un 13e mois, lance Jenny Urbina devant l’assemblée. Les salariés de LVMH ne devraient pas être payés au smic, alors que notre PDG, Bernard Arnault, est l’un de ceux qui se sont le plus enrichis pendant la crise. »

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Le groupe LVMH a annoncé, en juillet, un bénéfice net de 5,3 milliards d’euros, en hausse de 62 % par rapport au premier semestre 2019, avant la crise. Si Sephora a connu une baisse d’activité pendant la pandémie – ce qui explique, selon l’entreprise, des départs non remplacés –, l’enseigne a cependant, selon un communiqué de LVMH publié en octobre, retrouvé son niveau d’activité de 2019, les ventes en ligne connaissant, par ailleurs, une « forte progression ».

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