Grève des antennes de Radio France

Grève des antennes de Radio France

Vue aérienne de la Maison de la radio, à Paris, le 14 juillet 2018.
Vue aérienne de la Maison de la radio, à Paris, le 14 juillet 2018. GÉRARD JULIEN / AFP
Les syndicats se révoltent contre un plan prévenu par la direction, qui vise soixante millions d’euros d’économies d’ici à 2022 et envisage entre 270 et 390 annulations de postes.

De la musique dans le poste. Depuis mardi 18 juin au matin, les stations de Radio France (France Culture, Franceinfo, France Inter, une partie du réseau France Bleu) émettent leur fameuse playlist en lieu et place des programmes habituels. Une partie des personnels a répondu à un appel à la grève, très suivi, pour résister contre un plan d’économie déterminé par la présidence du groupe.

Selon le Syndicat national des journalistes (SNJ), « plus des trois quarts des salariés de Radio France [sont] en grève » mardi. Entre eux, « 90 % de journalistes » de France Inter, où « aucune émission matinale » n’a été distribuée. Le syndicat signale identiquement « une matinale très perturbée sur franceinfo et dans 37 des 44 radios locales de France Bleu » et des services administratifs « fortement mobilisés » ; il compte « 85 % de choristes en grève ».

Les raisons de la grève

L’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, SNJ, Sud et Unsa) a déclenché un appel à la grève pour affirmer contre un nouveau plan d’économie pénétrant 270 à 390 ruptures de postes.

Pourquoi sommes-nous tous en grève actuellement ? Parce que malgré nos résultats d’entourage radio et numérique le go… https://t.co/lJSqVGCwrb

— snj_rf (@SNJ Radio France)

Ce plan, averti au début de juin par la présidente du groupe, Sibyle Veil, consiste à effectuer 60 millions d’euros d’économies d’ici à 2022, suivant ainsi les ordres de la Cour des comptes. Il s’agit de prévenir la baisse de la participation de l’Etat (moins 20 millions d’euros sur quatre ans) et l’augmentation des charges de personnel. Le plan « Radio France 2022 » devine par ailleurs d’investir plus dans le digital. Il y a une dizaine de jours, Mme Veil étalait vouloir consacrer 20 millions d’euros à ce sujet, pour « construire la plate-forme française de référence de l’audio sur le numérique, qui alliera qualité de nos contenus et diversité de nos offres ».

Par suite, un réaménagement des rythmes de travail, pour prévenir le recours aux CDD, est prévu. Elle doit traiter à la suppression de 270 postes si les salariés admettent de faire une croix sur des semaines de congés, ou de 390 postes s’il n’y a pas d’accord avec les syndicats.

Les syndicats sollicitent « le retrait de ce plan dangereux et destructeur » ainsi qu’un « effectif et des moyens nécessaires pour remplir [leurs] missions de service public », alors que les radios publiques affichent d’excellentes audiences et que le groupe a recouvré l’équilibre financier.

Des discussions tendues

Jeudi 13 juin, un rassemblement de « méthode » a échoué, les syndicats quittant la réunion. Avant d’initier la négociation, ils sollicitent des objectifs chiffrés, des budgets précis. Ils s’appuient notamment sur le rapport d’un cabinet indépendant, Tandem, qui, choisi par le comité social de Radio France, a qualifié les économies de « surdimensionnées » : la hausse des charges de personnel sur les prochaines années a été, selon ce cabinet, surestimée de 8,7 millions d’euros, et Radio France pourrait s’épargner 118 ruptures de postes.

La direction de Radio France a réfuté ce rapport lundi soir, invoquant une « méthodologie erronée ». Selon Marie Message, directrice des opérations et des finances, le cabinet Tandem s’est élevé sur l’année 2018 pour calculer l’augmentation de la masse salariale, alors que cette année a vu peu d’embauches, du fait d’une vacance à la tête du groupe durant quelques semaines, due à la succession de l’ex-PDG Mathieu Gallet – remplacé par Sibyle Veil en avril 2018.

Mme Message a assuré que des éclaircissements et des chiffres additionnels seraient donnés par la direction au cours d’un conseil central d’entreprise, prévu mardi après-midi, en pleine grève des antennes. De leur côté, les salariés doivent se réunir en assemblée générale lundi à midi à la maison ronde.

En 2015, Radio France avait vécu une grève historique de vingt-huit jours pour se révolter contre un plan d’économie.

 

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