Gabriel Attal veut encore durcir les règles de l’assurance-chômage
L’exécutif continue de préparer l’opinion à un nouveau durcissement des règles de l’assurance-chômage. Dans Le Journal du dimanche du 25 février, Gabriel Attal apporte des précisions sur les pistes qui sont à l’étude. La durée d’indemnisation « peut encore » être réduite et « on peut aussi accentuer la dégressivité des allocations », affirme le premier ministre. Rien ne semble arbitré, à ce stade, puisque de telles idées ont vocation à être soumises à des « discussions », dit-il, mais le locataire de Matignon affiche la volonté d’aller vite sur ce dossier.
M. Attal a distillé ces confidences en marge d’un déplacement en Charente-Maritime, le 23 février. Ses propos convergent avec ceux tenus, depuis l’automne 2023, par d’autres représentants du pouvoir en place. A plusieurs reprises, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a martelé qu’il fallait diminuer la durée de versement de la prestation aux demandeurs d’emploi de plus de 55 ans, afin qu’elle soit alignée sur celle des autres chômeurs. Le 16 janvier, lors de sa conférence de presse à l’Elysée, Emmanuel Macron a exprimé le souhait d’introduire des dispositions « plus sévères quand des offres d’emploi sont refusées ». Enfin, le 30 janvier, pendant sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, M. Attal a tenu à prévenir les syndicats et le patronat, qui cogèrent l’assurance-chômage par le biais de l’Unédic : si la trajectoire financière du régime « dévie », il demandera aux partenaires sociaux de rouvrir la réflexion « sur la base d’une nouvelle lettre de cadrage » gouvernementale, dont la finalité serait d’« inciter toujours plus à la reprise du travail, sans tabou ».
L’intervention du premier ministre a provoqué de l’étonnement car les organisations de salariés et d’employeurs ont récemment conclu un accord retouchant les règles du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Ficelé en novembre 2023, ce compromis s’est traduit par une « convention », qui requiert l’homologation du ministère du travail pour s’appliquer.
Mais le pouvoir en place juge nécessaire de donner un tour de vis. Il s’estime conforté dans cette analyse par les dernières prévisions de l’Unédic, publiées le 20 février : elles montrent que le régime reste dans le vert, mais avec des comptes qui se dégradent un peu. En 2023, l’excédent ne serait plus que de 1,6 milliard d’euros (contre 4,3 milliards en 2022) et se résorberait encore légèrement en 2024 (1,1 milliard). Une tendance liée à deux raisons : la dégradation de la conjoncture économique et le prélèvement réalisé par l’Etat sur les ressources de l’assurance-chômage pour financer le service public de l’emploi et les actions en faveur de la formation (12,05 milliards pour la période 2023-2026).
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