François Villeroy de Galhau : « La reprise se passe un peu mieux que prévu »
En raison de la pandémie, l’économie tricolore a enregistré le plongeon le plus violent depuis la seconde guerre mondiale entre avril et juin, mais elle devrait rebondir de 16 % au troisième trimestre, estime la Banque de France, dans ses nouvelles prévisions publiées lundi 14 septembre. François Villeroy de Galhau, son gouverneur, juge le plan de relance du gouvernement équilibré et bienvenu pour soutenir l’investissement des entreprises. Après la phase d’urgence, il appelle néanmoins à se montrer plus sélectif dans la reconstruction de l’économie.
Après le choc inédit du premier semestre, où en est-on de la reprise ?
Selon notre enquête mensuelle de conjoncture, auprès de milliers d’entreprises, la reprise se passe un peu mieux que prévu. A la fin août, la perte moyenne d’activité constatée était de − 5 % par rapport à la normale, un peu au-dessus des anticipations des chefs d’entreprise, contre − 9 % à fin juin et − 7 % à fin juillet. Trois secteurs en particulier ont été mieux orientés que prévu : l’automobile, en amélioration très sensible, l’hébergement-restauration − certes à un niveau encore bas −, et le bâtiment. Ce secteur est à 100 % de la normale en août, avec un certain nombre d’acteurs qui sont même au-dessus du niveau d’activité d’avant-crise.
Quelles sont vos prévisions pour la fin de l’année ?
Les anticipations des chefs d’entreprise sont, pour septembre, approximativement au même niveau qu’en août, ce qui nous conduit à faire une prévision de croissance pour le troisième trimestre de + 16 % : il s’agit d’un fort rebond par rapport au deuxième trimestre où la baisse du PIB a été de − 13,8 %. Pour l’ensemble de 2020, la récession serait donc de − 8,7 %, une amélioration par rapport à la prévision de − 10,3 % que nous avions faite en juin. Le redressement d’abord rapide sera ensuite plus progressif, selon un profil « en aile d’oiseau ».
Pour 2021, nous prévoyons + 7,4 %, un peu au-dessus d’il y a trois mois, puis un ralentissement à + 3 % en 2022. Nous devrions retrouver en moyenne le niveau d’activité pré-Covid au premier trimestre 2022. Au mois de juin nous tablions plutôt sur mi-2022 : on gagne donc un à deux trimestres sur le rythme de la reprise, et la France rejoindrait le niveau pré-Covid un peu avant la moyenne européenne. Notre économie avait plongé davantage que la moyenne pendant le confinement, et remonte plus fort aujourd’hui : mais il reste naturellement beaucoup d’incertitudes devant nous.
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