Formation : les préconisations-chocs de l’ancienne équipe de Pénicaud
Bien qu’il ne soit plus au service du gouvernement depuis juillet 2020, Antoine Foucher continue de porter des idées dérangeantes de réformes. Directeur du cabinet de Muriel Pénicaud lorsque celle-ci était ministre du travail, il a présenté, mercredi 9 février, une douzaine de préconisations qui esquissent « une politique nationale des compétences » pour les dix prochaines années. Sa démarche suit un fil directeur : si la France veut se réindustrialiser, « réussir » la transition énergétique et tendre vers le plein-emploi, il faut que les qualifications de la main-d’œuvre collent mieux aux attentes des entreprises. Cela implique une action très « volontariste », avec de substantiels moyens budgétaires et une obligation de résultats synonyme d’électrochoc pour l’éducation nationale.
Après son départ de la Rue de Grenelle, M. Foucher a fondé Quintet, un « cabinet de conseil en stratégie sociale », avec plusieurs anciens collaborateurs de Mme Pénicaud, dont Alain Druelles. Les deux hommes ont joué un rôle central dans plusieurs gros chantiers du quinquennat, dont la loi « avenir professionnel » de septembre 2018, qui a chamboulé le monde de l’apprentissage et de la formation continue.
Les propositions dévoilées mercredi sont leur œuvre. Elles « n’engagent que Quintet », selon M. Foucher, mais s’inscrivent dans le prolongement de l’action du ministère du travail depuis mai 2017 et sont susceptibles de retenir l’attention d’Emmanuel Macron, au moment où se construit son programme pour l’élection présidentielle.
Aide de 8 000 euros sur le CPF
L’une des recommandations les plus frappantes concerne l’univers scolaire et l’apprentissage. Il est temps de « dire la vérité » aux jeunes ainsi qu’à leurs familles, au sujet des performances du système. Cette opération transparence passe par la publication d’une batterie d’indicateurs, dont le « taux d’insertion dans l’emploi » de tous les lycées professionnels et centres de formation d’apprentis (CFA). Cette mesure avait déjà été évoquée en février 2018, mais sans se concrétiser réellement.
Aujourd’hui, les fondateurs de Quintet la reprennent mais estiment qu’il faut aller encore plus loin. Comment ? En fermant les classes de lycée professionnel et en supprimant les financements des sections de CFA dont le taux d’insertion dans l’emploi est inférieur à 50 %, deux années consécutives. Une disposition synonyme de tremblement de terre si elle était appliquée. MM. Druelles et Foucher sont convaincus que la collectivité doit cesser de subventionner des formations conduisant « majoritairement au chômage » – leur propos valant aussi pour les stages offerts aux demandeurs d’emploi. La situation actuelle, disent-ils, ne peut plus durer, pour des raisons d’efficience, mais aussi de justice sociale, car ceux qui en pâtissent le plus sont les ménages pauvres.
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