Fin du concours d’aide-soignant, baisse de la pénibilité… Les propositions d’El Khomri sur les métiers du grand âge
L’ex-ministre du travail a remis à Agnès Buzyn, mardi 29 octobre, un rapport pour réformer un « système devenu complètement fou ».
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« J’ai envie de me battre pour ces femmes ! », confiait-elle début septembre en quittant l’école d’infirmières et d’aides-soignants de la Croix-Rouge, à Romainville (Seine-Saint-Denis). L’ancienne ministre du travail de François Hollande, Myriam El Khomri, a remis son plan de bataille, mardi 29 octobre, à Agnès Buzyn, la ministre de la santé et des solidarités, sous la forme d’un épais rapport appelant à une « mobilisation générale en faveur des métiers du grand âge », pour la période 2020-2024.
Au terme d’une mission de près de quatre mois menée avec l’appui d’une petite douzaine d’experts, d’élus et de professionnels, Mme El Khomri enjoint au gouvernement de « réformer un système devenu complètement fou, dit-elle, où l’organisation administrative et les enjeux tarifaires ont pris le dessus sur la qualité du service et du travail des salariés ». Il s’agit ni plus ni moins, explique-t-elle, que de « réhumaniser » les métiers des quelque 830 000 salariés qui soignent, accompagnent, soutiennent le dernier âge de la vie.
Mme El Khomri propose une « réforme organique » qui se décline en 59 mesures. Leur mise en œuvre impliquerait de dégager 825 millions d’euros dès 2020. « Votre proposition constitue une feuille de route à la fois courageuse, innovante et opérationnelle », a salué Agnès Buzyn lors de la présentation du rapport.
Ce dernier rappelle un constat déjà fait dans un autre travail réalisé par Dominique Libault et remis à Mme Buzyn en mars : les métiers du grand âge souffrent d’une pénurie de candidats alors que les besoins vont aller croissant dans les prochaines années. Symptôme de cette désaffection, le nombre d’inscrits au concours d’aide-soignant a baissé d’un quart en six ans.
Supprimer le concours
La première urgence est donc de relancer le recrutement. Le rapport estime qu’il faudrait créer 93 000 postes en quatre ans dans les maisons de retraite et les services de soin à domicile. Cela permettrait d’augmenter de 20 % le taux d’encadrement en personnels dans les ehpad. Or, le projet de loi de finance de la sécurité sociale pour 2020 prévoit de ne financer que 5 200 postes dans les ehpad pour l’an prochain. Myriam El Khomri porte le besoin à 18 500 dès 2020. Le coût annuel de ces recrutements est estimé à 450 millions d’euros.