Faute de personnels, les Ehpad du Puy-de-Dôme ferment des lits
Deux aides-soignantes suspendues car non vaccinées, deux infirmières en congé maternité et des congés annuels qu’il a bien fallu accorder à d’autres. Et surtout, aucun remplaçant disponible. « C’est impossible de trouver des remplaçants, les boîtes d’intérim sont prises d’assaut, explique Fabienne Chardin, la directrice de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Loubeyrat (Puy-de-Dôme). J’ai pris la décision de suspendre les admissions pour ne pas faire peser un poids supplémentaire sur le personnel qui est déjà sous tension en raison du Covid. »
Mme Chardin a donc laissé deux chambres vides, sur les soixante-huit de l’établissement, et fait, le 16 septembre, un signalement d’événement indésirable auprès de l’agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes. Cette situation, dans la région, n’est pas isolée. A l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, on reconnaît qu’il existe des Ehpad « qui régulent leurs entrées ». C’est également vrai ailleurs.
L’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) qui regroupe les directeurs d’Ehpad et de services de soins à domicile, a tiré, au niveau national, le signal d’alarme. « Du fait de la difficulté à recruter des professionnels, 20 % des lits d’hôpitaux sont fermés, a écrit l’AD-PA dans un communiqué du 26 octobre. La situation est la même pour l’aide aux personnes âgées : de nombreux services à domicile ne peuvent pas aider toutes les personnes qui le voudraient par manque de professionnels, et nombre d’établissements pour personnes âgées ferment des places pour les mêmes raisons. Cette situation particulièrement préoccupante va devenir totalement insupportable. »
« Il y a une fatigue »
Pascal Champvert, le président de l’AD-PA, n’a cependant pas de chiffre précis sur les fermetures de lits dans les Ehpad et admet que celui de 20 % est sans doute largement exagéré. Mais la situation n’en demeure pas moins, selon lui, préoccupante : « Les pouvoirs publics nous disent : “Vous n’avez qu’à fonctionner en mode dégradé.” Concrètement, cela veut dire ne plus aider une personne âgée à se lever ou ne plus l’accompagner pour la toilette. »
Brigitte Bourguignon, la ministre déléguée chargée de l’autonomie, balaie d’un revers de main cette idée que les Ehpad sont touchés par une vague de fermetures de lits en raison de problème de personnel. « Les fermetures de lits, on entend ça de manière récurrente », a-t-elle affirmé au Monde, lundi 8 novembre, lors d’une visite à l’Ehpad de Volvic. « Moi, je peux vous assurer que ce n’est pas le cas, même s’il y a parfois des réorganisations dues à l’absence d’un membre du personnel. Par exemple, dans le Puy-de-Dôme, il y a seulement 10 % des établissements en tension réelle. »
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