Faillites d’entreprises : malgré des « airbags économiques », Bercy et la majorité s’attendent au pire
Des couloirs de l’Assemblée nationale aux différents étages de Bercy, la petite phrase revient, implacable. Les conséquences pour les entreprises de la crise sanitaire qui vient de frapper la France ? « On n’évitera pas les faillites. »
« On a le plus dur devant nous. Il va y avoir des difficultés sur l’emploi, les entreprises, l’industrie et les territoires. On le voit avec la multiplication des annonces [de suppressions de postes] », a admis le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, mardi 7 juillet, en marge de la passation de pouvoir à Bercy après le remaniement.
Préparer au maximum la vague de plans sociaux qui risque de grossir à l’automne, alors que le produit intérieur brut (PIB) devrait plonger de 11 % cette année et que de nombreux secteurs (tourisme, hôtellerie, culture…) portent encore les stigmates du confinement, c’est le défi auquel va devoir s’atteler l’exécutif. « Pour les entreprises, cela a été un “blast” [effet de souffle] de tout arrêter pendant deux mois. On sait que la vague est monumentale. On ne peut pas dire qu’il y aura zéro licenciement. Le risque est réel à la rentrée, il faut dire la vérité aux Français », abonde Laurent Saint-Martin, député LRM du Val-de-Marne et rapporteur général du budget.
« Il faudra un nouvel élan »
Pour le moment, députés de la majorité et ministres estiment que les dispositifs en place ont porté leurs fruits. Plan massif de chômage partiel, fonds de solidarité pour les petites entreprises, annulation de cotisations sociales et fiscales, prêts garantis par l’Etat (PGE)… « On a mis des airbags économiques. On fait en sorte qu’il y ait le moins de plans possible », indique M. Saint-Martin.
Et après ? « Après les mesures immédiates puis la relance ciblée pour les secteurs les plus sinistrés, le troisième volet de notre réponse, ce seront des mesures ambitieuses pour l’emploi », assure Bruno Le Maire, en référence aux annonces attendues la semaine du 13 juillet, notamment des primes à l’embauche ou des exonérations de cotisations pour les jeunes. « Puis, quand on entrera dans le dur de la crise, il faudra un nouvel élan », indique l’ex-LR. Le plan de relance doit être annoncé fin août. Bercy plaide plus que jamais pour une baisse des impôts de production, ces taxes sur le chiffre d’affaires des entreprises, collectées majoritairement par les collectivités. « Si on veut arrêter l’hémorragie industrielle, il faut s’attaquer aux impôts de production, notamment la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) », précise le ministre, pour qui le manque à gagner pourrait être « pris à leur charge par les régions pour attirer de l’industrie ».
Il vous reste 38.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.