En rachetant Topshop, Asos symbolise le triomphe de la mode en ligne au Royaume-Uni
L’épidémie de Covid-19 est soudain venue accélérer le triomphe de la mode en ligne au Royaume-Uni. En huit jours, deux enseignes iconiques des commerces britanniques, qui avaient fait faillite ces derniers mois, ont été rachetées par des sites de mode présents uniquement sur Internet. Mais seules les marques ont été sauvées. Les magasins – et leurs 23 000 emplois – n’ont pas trouvé de repreneur.
Lundi 1er février, le site Asos a acquis pour 265 millions de livres sterling (300 millions d’euros) des marques qui étaient les coqueluches des années 2000 : Topshop, Topman, Miss Selfridge… Autant de joyaux du groupe Arcadia, qui a déposé le bilan en novembre 2020.
Le 25 janvier, Boohoo, un concurrent d’Asos, s’était offert, pour 55 millions de livres sterling, la marque Debenhams, des grands magasins presque bicentenaires.
« Ce n’est pas notre modèle de gérer des boutiques »
Dans les deux cas, Asos comme Boohoo n’achètent que les marques et une partie des stocks. Les magasins vont être vendus à l’unité aux éventuelles enseignes qui osent encore tenter l’aventure de la vente « en présentiel ». « Ce n’est pas notre modèle de gérer des boutiques », explique sans appel Nick Beighton, le directeur général d’Asos.
Ces deux acquisitions vont avoir une incidence profonde sur la façon dont les Britanniques font leurs courses. Il y a quinze ans, les magasins Topshop étaient le rendez-vous des jeunes adolescentes, qui pouvaient y passer des samedis entiers. Son immense navire amiral d’Oxford Street, au cœur de Londres, était visité par les touristes. L’enseigne était à l’avant-garde de la fast fashion, cette mode inspirée des dernières collections de prêt-à-porter, reproduisant vite et à bas coût les succès du moment.
Le triomphe de Debenhams remontait à plus longtemps. Ses grands magasins étaient les temples de la consommation des années 1980. Leur fermeture marque la fin d’un autre monde, plus âgé, plus provincial aussi.
Gigantesques dividendes
Dans les deux cas, l’arrivée d’Internet n’a pas été le seul facteur de leur échec. Philip Green, le magnat à la tête d’Arcadia, s’est servi de gigantesques dividendes. L’exilé fiscal, enregistré officiellement à Monaco, connu pour ses yachts gigantesques et son langage fleuri, a vidé les réserves du groupe. Son refus d’investir s’est accompagné de son aveuglement face à la concurrence en ligne, lui qui avait commencé en bas de l’échelle en revendant des surplus et des stocks de vêtements abandonnés. De son côté, Debenhams est passé, ces dernières décennies, par une série de repreneurs à courte vue financière, qui ont tous appauvri un peu plus le groupe.
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