« En être ou ne pas en être » : la Conférence des avocats du barreau de Paris, club d’élite pour jeunes pénalistes
FactuelCette institution du milieu judiciaire permet aux douze jeunes avocats, sélectionnés par le biais d’un concours d’éloquence, d’acquérir rapidement de l’expérience, de la visibilité et une reconnaissance dans la profession.
Ils appartiennent à un club très ancien, prestigieux et à l’accès restreint. Y être admis, c’est l’assurance de brûler les étapes d’une carrière. Dans ce cénacle que le grand public ignore, on dîne avec des ministres ou avec des « stars » du droit. On convie lors de joutes oratoires, journalistes, hommes et femmes politiques, acteurs et humoristes. Salvatore Dali, Fabrice Luchini, Nicolas Sarkozy, Plantu, ou encore Catherine Deneuve ont, entre autres, fait partie de leurs invités d’honneur. Ce club, c’est la Conférence des avocats du barreau de Paris.
Créée en 1818, « la Conférence » rassemble douze jeunes avocats, appelés « les secrétaires », désignés pour un an et qui assurent la défense pénale d’urgence dans des affaires sensibles. Ils sont choisis par leurs pairs à l’issue d’un concours d’éloquence en trois tours. En 2021, environ 230 candidats étaient inscrits au premier tour. Tous les avocats de moins de 35 ans qui ont prêté serment peuvent participer, même si une certaine souplesse sur la limite d’âge peut être accordée et aucune présélection n’est organisée à l’entrée.
Visibilité inestimable
Durant une année entière, les douze orateurs élus bénéficient de plusieurs prérogatives. D’abord, ils jouissent d’un monopole en cas d’instruction criminelle à Paris. « S’il y a un meurtre, un assassinat ou une infraction en bande organisée à Paris, par exemple. On sera présent lors de la mise en examen, explique Chloé Redon, actuelle huitième secrétaire – chaque secrétaire possède un numéro auquel est attachée une fonction particulière –, chargée de la communication. Pour la suite de l’instruction, on sera automatiquement désigné si le client souhaite un avocat commis d’office. » Ces jeunes avocats détiennent également un monopole concernant l’instruction des affaires financières, les comparutions immédiates de renvoi et les gardes à vue en matière criminelle.
Mais être choisi dans le cercle des Douze constitue avant tout une opportunité professionnelle décisive dans la carrière de ces pénalistes. « Je n’avais aucun réseau. Personne de mon entourage ne travaillait dans le droit, témoigne Chloé Redon. C’était le seul moyen pour moi de commencer à développer une clientèle. J’ai pu m’installer à mon compte. » Dans ce milieu très concurrentiel, la Conférence offre une visibilité inestimable. « Je serai toujours attentif à un passé de secrétaire de la Conférence si je dois recruter des collaborateurs », confie le pénaliste Jean-Yves Le Borgne, lui-même élu secrétaire en 1977.
Il vous reste 64.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.