En entreprise, la gestion « à la papa » ne fait plus rêver les jeunes
Travailler dans les Big Four ? Pour Jeanne Montot, 25 ans, c’était niet. « Dans les grands cabinets [d’audit], le fonctionnement est très hiérarchisé », regrette-t-elle. « En tant que junior, on ne peut y effectuer aucune mission sans être accompagné d’un senior. Et si on n’a pas passé tant de temps dans tel département, impossible d’évoluer au niveau supérieur. » Au diable le prestige, le beau salaire et la carrière toute tracée.
A la sortie de Grenoble Ecole de management, Jeanne préfère intégrer Nicomak, un petit cabinet de conseil et de formation en innovation managériale et responsabilité sociale des entreprises (RSE), qui déploie un mode de management agile, inspiré de l’entreprise libérée. « Tout nouvel embauché choisit lui-même son manageur », explique-t-elle. Les objectifs ne sont pas fixés d’en haut par les cofondateurs mais définis collégialement. « Au quotidien, aucune méthodologie ne nous est imposée », complète-t-elle. « Chacun a la responsabilité d’agir sur ses propres missions. Si un collaborateur rencontre une difficulté, c’est à lui d’aller demander de l’aide. »
« Confiance et autonomie »
Qu’on se le dise : le management à la papa ne fait plus recette chez les jeunes diplômés. C’est ce que confirme une étude publiée en janvier 2021 par l’Edhec Business School et le cabinet BearingPoint. Sur les quelque 954 étudiants et jeunes professionnels issus de l’enseignement supérieur interrogés, 47 % disent vouloir travailler dans une entreprise de type innovatrice, où les salariés sont organisés en équipes pluridisciplinaires et agiles fonctionnant en « mode projet », 17 % plébiscitent les structures entrepreneuriales, simples et flexibles.
« Les millénials vivent assez mal de se retrouver infantilisés dans le monde professionnel », Isaac Getz, professeur de leadership et d’innovation à l’ESCP
« Les millenials sont nés avec Internet et la liberté qu’il procure », rappelle Isaac Getz, professeur de leadership et d’innovation à l’ESCP Business School. « La plupart ont reçu une éducation assez souple et responsabilisante. Ils vivent donc assez mal de se retrouver infantilisés dans le monde professionnel. Ils aspirent à évoluer dans un climat de confiance et d’autonomie. »
Le nouveau Graal des jeunes générations ? L’entreprise libérée. « Un mode de management où tous les collaborateurs sont considérés comme égaux et ont la liberté d’entreprendre des actions qu’ils jugent bonnes pour le collectif de travail », explique Isaac Getz, qui a théorisé le concept dans son livre Liberté & Cie (Fayard, 2012).
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