En 2020, une hausse du chômage contenue dans une économie sous cloche

En 2020, une hausse du chômage contenue dans une économie sous cloche

Une agence Pôle Emploi, à Montpellier.

Le bilan est sombre mais il aurait pu être pire. En un an, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A de Pôle emploi) a augmenté de 7,5 % sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris), d’après les données publiées mercredi 27 janvier par la Dares – la direction des études au ministère du travail. Au dernier trimestre 2020, il y avait près de 3,817 millions de personnes en quête d’un poste qui n’avaient pas du tout travaillé, soit 265 000 de plus par rapport à la même période de 2019. Une progression très nette, imputable à la récession déclenchée par l’épidémie de Covid-19.

Cet indicateur se situe toutefois très en dessous de son niveau record, qui avait été relevé pendant le premier confinement : les effectifs de la catégorie A avaient culminé à 4,4 millions en moyenne durant le deuxième trimestre, avec un pic à plus de 4,5 millions sur le seul mois d’avril. A l’époque, des pans entiers de l’économie avaient été mis à l’arrêt, sur injonction des pouvoirs publics, poussant vers la case chômage des centaines de milliers de salariés, pour l’essentiel en CDD ou en intérim.

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Depuis, les inscrits à Pôle emploi dans la catégorie A ont vu leur nombre refluer, sauf en novembre, où celui-ci a rebondi, et en décembre, où il s’est stabilisé. « Après la cassure sans précédent qui s’est produite au printemps, les évolutions ont été très tributaires des mesures sanitaires prises par le gouvernement, certaines d’entre elles ayant eu pour effet de stopper ou de brider l’activité dans plusieurs secteurs, comme l’hôtellerie-restauration, le tourisme, l’événementiel », explique Anne Eydoux, maîtresse de conférences en économie au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).

Une hausse moins forte qu’en 2008

Au bout du compte, les chiffres de la catégorie A demeurent plus élevés qu’avant le début de l’épidémie mais la hausse, sur douze mois, est moins forte que lors de la crise des subprimes, souligne Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) : « Entre le premier trimestre 2008 et le premier trimestre 2009, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité avait augmenté de 18 %, soit un rythme plus soutenu que celui constaté aujourd’hui, alors que la richesse nationale s’était contractée beaucoup moins qu’en 2020 », rappelle-t-il.

Cet écart met en exergue la singularité de la période actuelle. Avec un produit intérieur brut en recul d’environ 9 %, la catégorie A aurait dû s’étoffer davantage qu’elle ne l’a fait en 2020. Or, tel ne fut pas le cas. Plusieurs explications peuvent être avancées. La plus déterminante tient au déploiement de l’activité partielle, dans des proportions inédites. Ce dispositif a permis à de très nombreuses sociétés, tournant au ralenti ou provisoirement fermées, de garder leurs personnels, sans avoir à les payer. En avril 2020, quelque 8,4 millions de salariés en ont bénéficié, et ils étaient encore 2,4 millions à être pris en charge par ce mécanisme au mois de décembre, selon la Dares.

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