Emmanuel Faber, un statut à moitié déboulonné chez Danone

Emmanuel Faber, un statut à moitié déboulonné chez Danone

Emmanuel Faber, au siège de Danone, le 26 janvier.

En deux heures, le couperet est tombé chez Danone. Lors d’un conseil d’administration sous haute tension, organisé lundi 1er mars à 18 heures, les seize membres ont voté pour la dissociation des fonctions de présidence et de direction générale du fleuron de l’agroalimentaire. Emmanuel Faber, qui occupait le poste de PDG depuis 2017, est pressenti pour devenir président, lorsqu’un nouveau directeur général sera nommé. Le processus de recrutement de ce patron opérationnel est lancé. Dans l’intervalle, Danone indique dans un communiqué que l’actuel PDG continuera d’exercer ses fonctions « avec la confiance et le soutien unanime du conseil ».

Selon ce communiqué, M. Faber, sous pression depuis plusieurs mois, a lui-même proposé cette dissociation des rôles. Il avait d’ailleurs déclaré récemment ne pas être dogmatique sur la question. Pour autant, il a résisté le plus longtemps possible face aux assauts de deux actionnaires. D’une part, le fonds activiste britannique Bluebell Capital Partners, d’autre part l’investisseur américain Artisan Partners, qui détient 3 % du capital.

Bataille terrible

Tous deux dénonçaient les performances financières et opérationnelles du propriétaire d’Evian et Actimel – dont le cours de Bourse a chuté d’un quart en 2020 –, jugées décevantes en comparaison des grands concurrents Nestlé ou Unilever. Pour y remédier, ils prônaient avant tout une dissociation des fonctions de président et de directeur général. Ils ont eu gain de cause, mais pas complètement : ils ne voulaient de M. Faber à aucun de ces deux postes.

La bataille a été terrible. Ces dernières semaines, les deux actionnaires contestataires ont tour à tour rencontré les administrateurs référents de Danone pour développer leur point de vue. Le week-end, en particulier, a été propice à de nombreuses tractations afin de trouver un compromis face à cette crise inédite marquée par l’affrontement de deux camps.

Si les syndicats de salariés avaient affiché leur soutien à M. Faber, les administrateurs avaient encore reçu vendredi un courrier de Flemming Morgan, l’ancien responsable de la division nutrition médicale de Danone, jusqu’en 2017, date de son départ du groupe. En tant qu’ex-membre du conseil exécutif du groupe, il regrettait que « la culture de Danone, caractérisée par l’esprit d’entreprise, l’innovation… ait été lentement et systématiquement détruite », et demandait, lui aussi, un changement à la tête de l’entreprise.

Ces prises de position entraient en résonance avec des dissensions apparues en 2020 au sein du conseil. Certains administrateurs arguaient depuis plus d’un an de la nécessité de renforcer la gestion opérationnelle du groupe, en nommant un directeur général délégué, et s’inquiétaient d’un exercice du pouvoir autoritaire et solitaire de la part de M. Faber. La démission de Francisco Camacho, responsable des produits laitiers et d’origine végétale, en septembre 2020, et celle de Cécile Cabanis, directrice financière et numéro deux du groupe, avaient accru les tensions au sein du conseil.

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LJD

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